Je me rappelle, c’était en juin, fin juin exactement ! Il faisait une chaleur épouvantable ici, on aurait dit qu’une chape de plomb s’était installée au-dessus de nos têtes ; l’air était irrespirable et la climatisation manquait cruellement au bureau. Transpirant, je venais une nouvelle fois de changer de chemise lorsque le téléphone sonna. Je sortais à peine d’une affaire scabreuse et espérait que la prochaine me permettrait de souffler un peu et de profiter de ce début d’été qui s’annonçait particulièrement chaud cette année. Une voix qui me sembla jeune se présenta. Karen Roudret, journaliste, était au bout du fil. Franchement, si sa voix était représentative du reste, elle devait être super mignonne. Bref, là n’était pas la question. Elle m’expliqua brièvement être une enfant du pays et avoir besoin de moi pour retrouver un membre de sa famille. Elle resta assez évasive, me signalant qu’une entrevue s’imposait, si je me chargeais de l’aider. Elle me communiqua seulement quelques infos sur sa vie : élevée par ses grands-parents, elle n’avait jamais connu sa mère. Son père, quant à lui, était là par épisodes. Et je compris immédiatement que c’était de lui dont il s’agissait. A cinq ans, à la mort de ses grands-parents, cette délicieuse créature fut placée dans une famille d’accueil, d’abord ici à Saint-Genix, puis en Alsace. Son père, mort dans un accident de la route alors qu’il avait trente ans, laissait orpheline cette petite fille qui aujourd’hui faisait appel à moi. D’abord étonné, j’acceptais volontiers cette affaire et demandais à rencontrer Karen qui me proposa de me rendre visite dès le lendemain. J’avais raison ! Elle n’était pas belle mais simplement superbe ! C’était comme si un rayon de soleil entra dans le bureau lorsqu’elle en franchit le seuil ! Trop vieux pour tomber amoureux, je devais faire quand même une drôle de tête en la regardant, son « vous êtes certain que ça va ? » en disait long sur l’état de béatitude dans lequel je me trouvais. Et j’étais loin d’imaginer la suite qui m’attendait. Assise en face de moi, elle jeta négligemment sur le bureau cette enveloppe que je tiens encore entre les mains. A l’intérieur, son journal. Le livre de sa jeune vie. Tout ce qu’elle savait sur son enfance et sa famille se trouvait à l’intérieur. Des notes, des feuilles griffonnées et des photos jaunies… Je n’avais qu’à lire et à regarder. Là où ça se compliqua, c’est lorsqu’elle me donna la photocopie d’une lettre écrite par son père à son attention. Faisant gaffe aux mots que j’employais, j’abordais ainsi l’accident de son paternel et tombais sur le cul à la réaction de la jeune fille. « Mais il n’est pas vraiment mort, me lança-t-elle, et c’est justement la raison de ma présence ici : j’ai besoin de vous pour le retrouver ».
Sans que je le sache, j’étais déjà sur une nouvelle affaire. L’histoire de la famille Roudret, le mystère de cette maison jaune qui n’avait pas encore craché la vérité malgré toutes ces années, occuperaient désormais mon esprit.
Si vous avez un moment, je vais vous raconter.
Je m’appelle Anquette, Tom Anquette, je suis détective privé.
2e livre de la série Tom Anquette
On en parle sur le forum : Les enquêtes de TOM ANQUETTE, de Pascal Demeure
Soumis le 16/01/2010 par pgrosjean