Mezquite Road

  1. Morgado, sombre héros mexicain

    Des années après l'avoir quittée, Miguel Angel Morgado retrouve à l'occasion d'une affaire la ville de Mexicali, celle-là même qui l'a vu grandir.
    Il est contacté par Atanasio, l'un des ses meilleurs amis, qui voudrait voir l'avocat enquêter sur la mort d'un autre ami, accro au jeu et retrouvé mort dans un hôtel minable, de la cocaïne avec lui. Certaine que la poudre blanche a été mise là pour l'incriminer, la veuve de la victime, qui aimerait bien le venger, demande à Morgado de découvrir qui l'a tué, et pourquoi.

    Morgado, rencontré tout d'abord dans Tijuana City Blues, est de retour dans ce qui est ici sa quatrième enquête. L'avocat, détective à ses heures perdues, est toujours un ardent défenseur des droits de l'Homme et travaille maintenant avec Amnesty International, ce qui n'est pas pour plaire à tout le monde.
    Comme dans ses précédents romans, Gabriel Trujillo Muñoz excelle dans les descriptions du Mexique, et plus encore dans celles de la frontière et de Mexicali, sa ville natale, où il est aujourd'hui professeur d'université... comme le personnage d'Atanasio.
    Ce dernier et l'avocat, amis de jeunesse, ayant combattu ensemble pour leur idéal politique, l'anarchisme, ne peuvent que constater les dégâts, observant ce qu'est devenu le Mexique d'aujourd'hui. Corruption des autorités, criminalité galopante, rapports conflictuels avec le voisin... : désabusés, et voyant leurs rêves de révolution s'éloigner, les deux hommes se contentent alors de refaire le monde.
    L'intrigue, quant à elle, est de bon niveau, avec ce qu'il faut d'action et de rebondissements pour tenir le lecteur en haleine.

    Dans la continuité des précédentes enquêtes de Morgado, Trujillo Muñoz poursuit avec Mezquite Road l'élaboration cohérente d'un cycle de grande qualité sur le Mexique d'aujourd'hui. Plus long, mais aussi plus abouti, ce roman noir allie intelligence du propos, écriture de talent et intrigue de qualité. Il n'y a plus qu'à espérer avoir des nouvelles de Morgado...

    /5