Hécatombe

  1. Beaucoup plus loin sur la droite

    Ils sont une dizaine, appartenant à la fraction Ordre et chaos. Venus d'horizons bien différents, le destin les a fait se croiser. Ils ont en commun des haines communes : les étrangers, le dépérissement de l'Occident, l'impéritie des élites dirigeantes. Ils sont d'obédience nazie, à la sexualité contrariée, drogués et alcooliques, grands amateurs de football, prompts à la violence physique et à la torture. Après les avoir réunis, le sort va les faire errer pendant quelques jours, au gré des vents. Le sang va couler. Jusqu'à l'hécatombe.

    Premier roman de Nada, Hécatombe est un roman d'une infinie noirceur, et le lecteur en prend plein les yeux. Après les dix premiers chapitres où les personnages sont présentés, tous déjantés et terrifiants, l'auteur les engage dans des quêtes diverses, parfois enchevêtrées, parfois parallèles. Le style de Nada allie poésie, situations dignes des enquêtes du Poulpe sous acide, et violence des mots. Tout y passe : coprophagie, inceste, drogue, violence. En un seul ouvrage, Nada réunit à peu près tous les volumes descriptifs de ce qui peut se faire de plus abject en matière de cruauté humaine. Bien évidemment, beaucoup de lecteurs en seront choqués et ne pourront poursuivre le voyage, submergés par des scènes où sont relatées avec force détails des obscénités qu'ils jugeront inutiles, voire écœurantes. Néanmoins, par-delà les ignominies décrites et les barbaries perpétrées, on découvre un rythme, un son, une plume ; il est vrai que Nada a participé à des projets musicaux. Sous ce vernis d'une rare opacité, il décrit par le menu des individus en souffrance, devenus des monstres à la suite d'erreurs de parcours et d'enfances contrariées. Ce ne sont pas des justifications, juste des explications, des mises en perspective. S'il est indéniable que certaines scènes heurteront et susciteront la polémique, Hécatombe constitue un roman dont la noirceur et la brutalité feront date.

    Hécatombe, c'est une virée. Aux confins de l'âme, là où sont lovés les sentiments les plus sombres, les appétits les moins avouables. Une exploration pleine de bruit et de fureur, saturée de ténèbres et d'inhumanité, débordant de haine et de bestialité. Un aller sans retour absolument mémorable à défaut d'être parfaitement assimilable ou louable.

    /5