Le Cavalier du septième jour

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  • 7/10 200 hectares dédiés à l’élevage de chevaux, dans le sud des Etats-Unis, dans une bourgade appelée Pueblo Quito. Là, règne « Le Maître d’écurie », de son vrai nom Manito Calderon y Barcas. Il s’y murmure, selon une vieille rumeur amérindienne, que des mustangs sauvages viendront balayer les habitants, menés par le Cavalier du Septième Jour. Le hic, c’est que derrière ce paravent d’élevages d’étalons, c’est le domaine du « Consortium », un gang de narcotrafiquants qui se servent de ces animaux comme de mules. La prophétise se réalisera-t-elle ?
    Ici, on est chez Serge Brussolo, et l’on s’en rend compte dès les premières pages, avec cette orgie inventive, ce récit touffu, cette incroyable faconde littéraire. Rien ne peut y être simple, en surface, banal. Les personnages, déjà, donnent le ton. Daryl, jeune beau gosse, qui aurait un don de détection et dont compte se servir une agence américaine. Maggie, ancienne sculptrice de totems, persuadée d’être poursuivie par un esprit pyromane qui a déjà passé sa famille ainsi qu’elle-même à la rôtissoire. Ichika, jeune femme indienne qui joue un rôle trouble. Manito, élevé par un catcheur dévot qui donnait une grande partie de ses revenus sportifs à l’Eglise. Le Prof’, qui crée de faux fœtus et les insère dans les chevaux, et qui sont en réalité de la drogue. Vous en voulez davantage ? Ça tombe bien, il y a du rab. Difficile de résumer la complexité des protagonistes, et surtout leurs interactions et les faux-semblants. Soyons clairs : j’adore Serge Brussolo, et je pense d’ailleurs être le lecteur de Polars Pourpres qui a le plus voté pour ses œuvres, et je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin, et avec cet opus, même si je ne boude pas mon plaisir de lecture, je dois reconnaître qu’il y a deux écueils. D’abord, certains rebondissements sont assez capillotractés, et si c’est un peu le sceau de ce type de littérature, là, j’ai parfois eu l’impression que l’auteur se forçait un peu à en trouver, au point que ça fiche le vertige. Des interrelations complexes, des identités doubles voire triples, qui risquent de perdre quelques lecteurs d’autant que le livre est assez court (à peine 240 pages). Également, un final qui tourne plutôt en roue libre, assez longuet, comme si Serge Brussolo avait du mal à mettre un point final à ce livre.
    Au final, un ouvrage particulièrement distractif, riche et époumonant tant il est mené à cadence rapide, mais, même moi qui suis fan de l’auteur, je trouve qu’il aurait pu, voire, très humblement, dû, resserrer son histoire, la nettoyer d’éléments pas nécessaires, et l’achever de manière plus rapide et nette. Comme quoi, en littérature comme partout ailleurs, « Le mieux est l’ennemi du bien », ou encore « Less is more ».

    14/07/2024 à 08:05 El Marco (3456 votes, 7.2/10 de moyenne) 2