Du Bruit dans la nuit

(A Noise Downstairs )

  1. « On est revenues »

    Paul Davis, professeur d’université, a vécu un terrible choc : c’est par hasard que sa route a croisé celle de son collègue et ami Kenneth Hoffman alors qu’il avait dans le coffre de sa voiture les corps égorgés de ses deux maîtresses. Kenneth a tenté de se débarrasser de ce témoin encombrant d’un coup de pelle mais il a été appréhendé par la police avant un troisième assassinat. Huit mois plus tard, Paul est toujours mal en point : il a des amnésies et du mal à récupérer mentalement. Il est suivi par une psychologue, Anna White, et décide de coucher sur papier son trauma, histoire de se soulager de cette surcharge mentale. Mais des phénomènes inexpliqués et terrifiants surviennent : des bruits dans sa maison, la machine à écrire Underwood qui cliquette voire lui délivre des messages… Et si cette machine était celle avec laquelle Kenneth avait obligé ses proies à consigner des excuses ?

    Linwood Barclay est un auteur que l’on ne présente plus : déjà une vingtaine d’ouvrages traduits en France avec un égal succès, tant critique que public. Ici, ce roman joue habilement sur les faux-semblants, et l’écrivain décortique avec un talent maîtrisé la lente descente aux enfers d’un Paul Davis, archétype du malheureux devenant la proie de sa propre aliénation. Est-il le jouet d’un complot ? De son propre somnambulisme ? Essaie-t-on de le pousser au suicide ? Cette sinistre machine à écrire est-elle réellement celle employée quelques mois plus tôt par Kenneth qui continue de croupir en prison ? Linwood Barclay emprunte un peu à l’immense Stephen King au sujet de cette Underwood qui pourrait être douée d’une âme propre, mais il ne s’agit pas d’un roman fantastique au sens littéraire du terme : l’écrivain multiplie avec maestria les fausses pistes, les personnages douteux, les scènes pouvant être interprétées de diverses manières. Il décortique avec intelligence la déclivité progressive d’un individu lambda dans la folie, sans effet forcé ni pyrotechnie superflue. Dans le même temps, les autres individus qui peuplent ce récit sont bien campés, de la psychologue à Charlotte, la compagne de Paul, en passant par son copain Bill Myers et ce curieux énergumène, Gavin, suivi par Anna et qui multiplie les « farces » de fort mauvais goût. Et le dénouement est à l’image de l’ensemble de cet opus : simple mais particulièrement efficace.

    Un livre très réussi, crédible et prenant, sans le moindre temps mort et haletant du premier au dernier chapitre.

    /5