Elvis et la Cheyenne

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  • 9/10 Un héritage dur à assumer ? Un accident de la vie ? Une attirance pour la pente dangereuse de l’existence ? Pourquoi un être traverse les écueils de la vie sans encombre alors qu’un autre trime pour rester la tête hors de l’eau avant la noyade? Olivier David avec « Elvis et la Cheyenne » paru en 2000 aux éditions Hors Commerce lance le lecteur sur la piste du destin et de ses interrogations en nous posant devant l’aventure bouillonnante et tragique d’Abel devenu Elvis.
    Dès les premières années, le sort ne l’a pas gâté : « L’enfance d’Abel se jouait en de tendres ténèbres à peine contrariées par une lampe d’ouvreuse. Le soir où le suicide de Bob est venu au bout de la réalité, cette nuit lors de laquelle son corps admit qu’il serait toujours du mauvais côté de l’écran. Abel, comme tous les hommes, comprit que le piège des contre-marches obscures n’appartenait plus à lui seul. » Corseté par la douleur de sa destinée, il préfèrera quelques braquages pour survivre et faire vivre son fils Marvin, sans mère. Alors qu’il tente de retrouver les clous et ses anciens quartiers, une machination l’obligera à se battre et faire couler le sang pour tenter de sauver sa tribu et la Cheyenne, femme et fille d’une ex.
    Ce roman noir crie une réalité cruelle, la Cheyenne voudra la fuir et ne pas être prise dans le piège maternel, « Tout plutôt que finir comme sa mère, employée aux archives d’une compagnie d’assurances depuis plus de dix ans, abrutie de néons et de climatisation, de rebuffades pour sous-payés et autres laborieux .»
    Un humour tout aussi noir transperce le récit. Lors de l’enterrement du père d’Elvis, les ouvriers de la dernière heure ivres au cimetière ont des difficultés à accomplir leur devoir, « Les employés des pompes funèbres ne réussissaient pas à faire descendre le cercueil dans le trou. Abel se demandait comment on pouvait être saoul à onze heures du matin. Son père patientait toujours jusqu’au coucher du soleil. »



    Les personnages jouissent d’une sorte d’ élasticité, Olivier David leur confère un espace de liberté, j’avais l’impression qu’en certains moments, Elvis le marginal, Clara la future ex-perdue, et même Patrick le véreux ultra pourri avaient encore la capacité de faire basculer leur destin en faisant un autre choix. D’ailleurs, la Cheyenne en a profité pour rejoindre des cieux plus cléments.
    L’écriture est sobre, sans fioritures et pesanteurs, pour être efficace, emmener le lecteur dans un récit qui captive au fil des pages et le mettre dans l’histoire. J’ai pris beaucoup de plaisir dans la lecture de ce roman.

    14/07/2009 à 03:10 xavier (853 votes, 7.8/10 de moyenne)