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7/10 Une belle découverte française, particulièrement touchante et originale. Sandrine Cohen a une voix vraiment singulière dans le paysage du roman noir français, une voix parfaitement maîtrisée mais surtout habitée par son personnage de Clélia Rivoire, enquêtrice de personnalité. Jeune femme au passé mystérieux mais qu'on devine traumatique, écorchée vive qui a le plus grand mal à maîtriser ses émotions et la fâcheuse tendance à insulter tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. Heureusement qu'elle peut compter sur son seul soutien, le juge d'instruction Isaac Delcourt. C'est lui qui va lui confier le cas Rosine Delsaux, cette mère apparemment parfaite qui pourtant vient de noyer ses deux petites filles dans son bain.
S'il faut se méfier des apparences, c'est aussi parce que le personnage de Clélia peut rebuter un peu le lecteur dans les premières pages. On peut avoir tendance à s'agacer au début face à cette énième rebelle écorchée vive aux abords antipathiques. Mais il serait dommage d'abandonner là car, au fur et à mesure du texte et au-delà du personnage de Clélia, c'est le cas Rosine Delsaux qui interpelle.
Etonnamment, les fulgurances de Clélia au fur et à mesure de son enquête ne semblent pas tirées par les cheveux. Elle-même victime et témoin, Sandrine Cohen s'est beaucoup renseignée sur ces criminels ordinaires et sur la violence intime et intrafamiliale, idem pour la vie en prison et les mécanismes judiciaires. Et sa restitution est brillante, d'un réalisme total. Elle écrit avec les tripes, c'est direct, parfois cru et sans fards. Elle sonde les traumatismes souvent oubliés et pourtant toujours nichés quelque part dans notre conscience. À travers Clélia, elle se fait tantôt psychologue tantôt avocate de ces criminels ordinaires, non pour nier leur responsabilité mais pour creuser leur psyché et peut-être sauver ce qui peut l'être, empêcher la reproduction de mécanismes inconscients. Même si au début on a un peu de mal à vraiment s'attacher aux personnages, Sandrine Cohen nous livre là un texte noir et poignant mais nécessaire, qui pousse à la réflexion.27/11/2025 à 18:04 Norbert (323 votes, 7/10 de moyenne) 2
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5/10 En bref, un roman noir aux sujets lourds qui n'aura pas réussi à me convaincre totalement. Le fond est très intéressant, mais la forme m'a laissé perplexe à certains moments... Néanmoins, quelques passages sont marquants et c'est une lecture qui ne peut pas laisser indifférent.
Le sujet de l'infanticide est toujours très délicat à aborder, et c'est sans doute pour cela qu'il reste assez rare dans les romans. Sandrine Cohen a pris le risque de s'y frotter et, si quelques détails ne m'ont pas vraiment plu, l'ensemble est vraiment percutant !
Le problème vient, selon moi, des personnages antipathiques qui n'arrivent pas à toucher le lecteur. Que ce soit Rosine, qui reste très hermétique à l'aide qu'on veut lui apporter malgré les circonstances ou Clélia, l'enquêtrice rebelle un peu trop clichée.
Les deux femmes réunies donnent un ton très froid au récit qui pourrait pourtant être rempli d'émotions variées étant donné le thème. De plus, les nombreuses allusions au sexe semblent totalement déplacées.
Néanmoins, j'ai apprécié le déroulement de l'enquête et les différentes questions que l'on peut se poser sur l'acte horrible qu'a commis Rosine. Causes, conséquences, tout est décrypté et la psychologie de cette femme est mise à jour de façon intéressante. Le dénouement m'a semblé un peu tiré par les cheveux, mettant en avant une théorie que l'on peut essayer de comprendre mais qui va trop loin dans cette histoire et qui n'excuse en aucun cas le geste.
📌 Si vous avez aimé "Rosine, une criminelle ordinaire" de Sandrine Cohen, vous aimerez sûrement "Chanson douce" de Leïla Slimani... Ou vice-versa !06/09/2024 à 09:03 Riz-Deux-ZzZ (540 votes, 6.9/10 de moyenne) 4
