Morts en coulisses

(Lights out tonight)

  1. Sanglant scénario

    Caroline Enright, chroniqueuse à la télévision pour Key To America, doit se rendre dans le Massachussetts pour couvrir un festival de théâtre. Pour elle, ça sera peut-être l’occasion de renouer avec sa belle-fille, Meg, actrice, engagée pour les besoins de la pièce Devil in the Details. Mais plusieurs événements sur place saisissent d’effroi la population : deux étudiants qui décèdent dans un soi-disant accident de la route, une bibliothécaire assassinée avec un coupe-papier, et Belinda Winthrop, comédienne de renom, qui est enlevée. Caroline parviendra-t-elle à tirer au clair toute cette histoire ?

    Mary Jane Clark, ex belle-fille de Mary Higgins Clark et ex belle-sœur de Carol Higgins Clark, ne saurait se résumer à ces liens de parenté par alliance. Elle jouit d’un succès indéniable et d’une bibliographie déjà conséquente. Avec cet opus, elle démontre d’ailleurs que son talent est réel, et non un simple effet de patronymie. Son écriture est sèche, très sage, au point que les psychologies des personnages sont très souvent survolées, se résumant à quelques éclats de personnalité peu fouillés. Néanmoins, ce qui retient davantage l’attention, c’est le dynamisme du roman : les quelque quatre-cents pages de l’édition poche sont découpées en cent-quarante chapitres, donc singulièrement courts et enlevés. Les rebondissements sont nombreux, les alternances de points de vue renforcent cette vélocité, et l’on ne voit guère le temps ou les pages défiler. Les pistes sont multiples, nourries par des protagonistes abondants et correspondant à autant de suspects potentiels : un régisseur consommateur de marijuana au comportement étrange, une scénariste dont le conjoint est mort deux ans plus tôt dans un accident de voiture, un peintre arnaqueur, un metteur en scène furibond que sa comédienne fétiche refuse de jouer dans l’éventuelle adaptation cinématographique de la pièce de théâtre, etc. Mary Jane Clark joue de cette pluralité des fausses pistes, étalant avec un art consommé des ressorts policiers comme on dévoilerait un jeu de cartes avant de livrer la résolution de l’intrigue, dans un dénouement certes peu sidérant ni mémorable, mais bien amené et très crédible.

    Un roman à suspense bien calibré et sans la moindre aspérité, classique dans le fond mais efficace et rondement mené, permettant de passer un très agréable moment de lecture.

    /5