La Mort d'une sirène

(Mordet på en havfrue)

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  • 9/10 Danemark, septembre 1834. Le romancier et conteur Hans Christian Andersen n’est pas encore connu, et c’est après avoir fréquenté une prostituée, Anna, que l’on découvre le corps de cette dernière horriblement mutilé. Il devient aussitôt le suspect numéro un et ne doit sa libération qu’à une intercession, mais il n’en reste pas moins lourdement soupçonné. Avec la précieuse aide de Molly, la sœur de la victime, il va devoir démontrer son innocence, ce qui va lui faire affronter une terrible tueuse.

    Ecrit à six mains, ce roman se distingue immédiatement par son ton : ça sera noir, terriblement noir. Les premiers chapitres donnent à voir la capitale danoise, et plus exactement ses bas-fonds, avec sa prostitution, son alcoolisme, sa crasse, et c’est dans cette nasse qu’Andersen, rêveur, gentiment perdu dans ce monde qui n’est pas le sien, se laisse prendre. Il faut dire qu’il détonne : encore jeune, un brin naïf, il paie des péripatéticiennes non pour jouir de leur corps mais pour se servir d’elles comme modèles, en découpant aux ciseaux leurs silhouettes dans des feuilles de papier. Kazinski+A. J. et Thomas Rydahl excellent dans la peinture de ce microcosme sale et puant, mais aussi dans celle des hautes sphères puisqu’Andersen et Molly vont mener leur enquête qui les conduira jusqu’à la maison du roi et du prince du Danemark. Les énigmes vont alors se succéder : qui est cette mystérieuse madame Krieger ? Quel est son sinistre dessein ? Quel est le lien avec ce sucre rouge et la Compagnie danoise des Indes occidentales ? A qui appartient la main de cette brute qui a laissé sur le front d’Andersen ce sceau ? Au gré de ce récit palpitant, les auteurs nous entraînent vers de sombres projets dans des tunnels obscurs et malfamés, pour aboutir à un dénouement vertigineux, à la fois glaçant et mémorable. Beaucoup de passages retiendront longtemps l’attention, comme ce final dans un bateau et la confrontation avec la prédatrice, mais aussi cet épilogue, bifide, qui, même s’il est purement fictif, explique comment Andersen a pu avoir l’idée d’écrire deux de ses contes majeurs que sont La Petite Sirène et La Petite Fille aux allumettes. Des scènes puissantes, d’une rare force littéraire, et gorgée d’émotions.

    Kazinski+A. J. et Thomas Rydahl signent ici un ouvrage remarquable, où la tueuse en série mise en scène est au moins aussi inoubliable que le décor, malsain et putride. Une réussite absolue.

    13/03/2024 à 06:59 El Marco (3422 votes, 7.2/10 de moyenne) 3

  • 7/10 Un roman écrit en collaboration par 3 auteurs, ce n'est pas banal : je suis d'ailleurs en général assez réservé sur ce type d'ouvrage. A la fin de la lecture de ce livre, mon avis est d'ailleurs mitigé. J'ai bien aimé l'immersion dans le Copenhague de 1834, elle est réussie. Le choix du personnage principal m'a beaucoup moins enthousiasmé : Andersen est une figure importante au Danemark, le lecteur danois saura trouver un intérêt pour le personnage que je n'ai pas ressenti. Les auteurs ont heureusement eu l'idée de lui adjoindre une jeune prostituée pour donner un peu de dynamisme aux événements. Malgré quelques longueurs, et pas mal d'incohérences (hommage rendu aux contes peut être), la lecture est fluide et agréable.

    12/02/2022 à 09:34 gamille67 (2404 votes, 7.3/10 de moyenne) 4