Le dernier petit singe

  1. La Malédiction du Photomaton

    Karim, douze ans, aurait dû être plus attentif aux signes : parce qu’il doit se faire faire des photos d’identité, il tombe d’abord avec sa mère sur une inquiétante employée de la mairie, puis une cabine photographique bien loin de chez lui où il se retrouve enfermé. Pire : après une série d’événements inexplicables, une vieille femme spectrale lui indique qu’il a trois jours pour sauver une gamine. D’abord dubitatif, Karim comprend que la malédiction est bien réelle.

    On ne présente plus Sarah Cohen-Scali, écrivaine ayant à son palmarès une riche bibliographie et de nombreux prix littéraires. Avec ce roman, elle intègre la collection « Hanté », y révélant une fois de plus l’étendue de son talent. Sa plume est riche, exquise, mettant en relief avec beaucoup de malice les peurs primitives et les sensations fortes. En guise d’exemple, la séquestration dans le Photomaton, qui s’étend sur trois (courts) chapitres, aurait facilement pu virer à une série de descriptions sans âme ou au grandguignolesque, mais, grâce à Sarah Cohen-Scali, on est véritablement kidnappé, au même titre que le protagoniste de cette histoire, et tout aussi chamboulé. Pareillement, le huis clos dans l’appartement qui intervient plus tard est un petit bijou de littérature anxiogène. Le suspense est habilement entretenu, et le livre prend une tournure inattendue dans le dernier tiers, faisant écho à un véritable – et révoltant – phénomène de société auquel les lecteurs ne pourront qu’être sensibilisés. Et l’on ne parle même pas de l’ultime rebondissement, fort et inattendu, où l’auteure surprend autant qu’elle conclut avec maestria ce roman à la fois riche en tension et en émotions.

    Un opus aussi court qu’efficace qui, pour notre plus grand plaisir, entremêle les frémissements du thriller fantastique pour jeunes et engagement sociétal.

    /5