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9/10 Travis Stillwell parcourt le Texas avec son camping-car. D’aspect étrange – le teint maladif, le visage en partie couvert de bandelettes, taciturne – il finit par arriver au Sundowner Inn, un motel tenu par Annabelle Gaskin, une jeune femme qui y vit avec son fils de dix ans, Sandy. Travis va se faire engager par Annabelle pour les travaux du quotidien, mais il n’a pas fini de lutter contre ses démons. Oh non…
Impossible d’en dire plus quant à ce livre inclassable signé Andy Davidson. Est-ce un roman noir ? Assurément, et l’on a même rarement eu entre les mains un ouvrage aussi enténébré. Un thriller ? Oui, également, tant certains passages vont effrayer certains lecteurs. Une touche de fantastique ? C’est fort possible. On découvre au gré de ce récit époustouflant des personnages d’une rare densité humaine, fracassés, meurtris, saturés de conflits intérieurs et de tentatives de rédemption. Annabelle a perdu son mari, Sandy vit dans sa bulle sans la moindre figure masculine tutélaire, et Travis compose un protagoniste stupéfiant. Andy Davidson a volontairement déstructuré son histoire, brisant le traditionnel fil chronologique, nous donnant à voir dans la seconde partie de son œuvre des flashbacks morcelés quant au passé du jeune homme, faisant longuement douter le lectorat quant à ses intentions. Il y a du sang, et même beaucoup d’hémoglobine, les cadavres tombant les uns après les autres, sans qu’il soit pour autant évident de dire si Travis est un pur tueur en série ou la victime de Rue, une femme ayant pris possession de son corps et de son âme. Dans le même temps, les rangers du Texas sont sur la piste du prédateur, et l’on gardera longtemps en tête Reader, officier moralement mutilé par la mort de son enfant, désabusé, pugnace et malin, dont la trajectoire va vite croiser celle du prédateur. Andy Davidson multiplie à l’envi les non-dits, les propos ambivalents, les descriptions fantasmagoriques, les passages enténébrés, et sa plume est en soi une pure merveille : travaillée, sombre, gorgée de fureur mais aussi de sentiments contradictoires. Certains chapitres sont remarquables : les dernières pages panachent l’effroi, la tension et l’émotion, le final réservant même des phrases particulièrement poignantes au sein de ce parc d’attractions.
Un véritable brûlot que cette Vallée du soleil. Un roman singulier et mémorable, si puissant et brillant qu’il tatoue son empreinte littéraire dans nos rétines et âmes, échappant à toute classification traditionnelle. Son aspect volontairement trouble et troublé pourra rebuter quelques lecteurs tandis que les autres ne pourront qu’être ensorcelés par ce style et cette histoire prodigieux de talent.02/10/2023 à 06:53 El Marco (3456 votes, 7.2/10 de moyenne) 6
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7/10 La couverture et le résumé sur la quatrième de couverture m'avaient orienté vers un western contemporain avec un tueur en série. Pas du tout, c'est d'un genre très différent qu'il s'agit, celui du fantastique, avec des êtres surnaturels et malfaisants. Le récit est captivant, le style assez particulier : j'ai vu qu'un critique écrivait que l'auteur pourrait être l'enfant de Stephen King et de James Lee Burke, c'est très vrai ! Le final m'a un peu laissé dubitatif, trop poétique sans doute.
A noter que durant la période de lecture de ce roman, j'ai visionné un film qui m'a joué le même tour : je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, et il s'agissait d'un film d'horreur teinté de poésie, donc très en phase avec le roman. Titre du film que j'ai d'ailleurs beaucoup aimé : Bones and all.22/08/2023 à 19:44 gamille67 (2432 votes, 7.3/10 de moyenne) 4