Gray

  1. Tant de nuances de Gray

    Elliot Fairbanks n’est plus. Cet étudiant est tombé de la chapelle du King’s college de Cambridge en faisant de la varappe. Accident ? Suicide ? Son tuteur, Augustus Huff, docteur en anthropologie et membre du corps enseignant, se rend vite compte qu’une troisième hypothèse est à envisager : le meurtre. Avec l’aide de Gray, le perroquet du défunt, il va se lancer dans une enquête qui va révéler le dessous de nombreuses cartes…

    Après le succès de Qui a tué Glenn ?, Leonie Swann revient avec ce roman à suspense original et prenant. On se passionne vite pour cette histoire dont on devine rapidement qu’elle va sortir du lot. Un professeur jeune et bourré de tics, voire de troubles obsessionnels compulsifs (comme se laver plusieurs fois de suite les mains, se sentir mal à l’aise face à certains chiffres, ou déplacer puis replacer jusqu’à l’obsession ses presse-papiers) va devoir s’allier, bien contre son gré, à un perroquet à la langue bien pendue qui mitraille des mots et expressions qu’il a entendus. Le récit s’effectue de manière très fluide, ponctué d’humour dans les réparties comme dans les saynètes, et l’on en vient à se prendre d’une immense sympathie pour ce duo d’enquêteurs improvisés qui vont se confronter à de nombreuses fausses pistes. C’est ainsi que le volatile et l’enseignant vont découvrir, parmi tant d’autres, une série de photographies compromettantes, l’envers du monde de la musique, des amours particulières et exclusives, un secret de famille soigneusement camouflé, un chantage, une étrange expérimentation, etc. Leonie Swann parvient avec talent à mêler l’ambiance so british du whodunit traditionnel à la décontraction notamment apporté par ce perroquet très observateur et malin, mais capable de sacrées bévues. La construction du livre se révèle efficace, jouant sur les faux-semblants, retournements de situation, déductions habiles d’Augustus et questions finalement pertinentes de l’oiseau.

    Un roman détendu et détendant, proposant une intrigue crédible et efficace. Typiquement l’entracte nécessaire entre deux thrillers trop nerveux et/ou sanglants. Remercions ainsi Leonie Swann pour cette délicieuse parenthèse de bien-être.

    /5