The Cry

Les larmes

  1. A qui la faute ?

    Une tragédie. Lorsque Joanna et Alistair débarquent à l’aéroport de Melbourne, ils ignorent encore que leur bébé de quelques semaines, Noah, est décédé. Aucun des deux parents ne s’en est rendu compte. A qui la faute ? Alistair attire sa compagne sur un fait troublant : elle a probablement confondu le paracétamol pour l’enfant et un antibiotique pour l’infection que la jeune femme a à l’oreille. Une terrible méprise. Pour sauver ce qui peut encore l’être, ils décident d’enterrer le petit cadavre et faire croire qu’il a été enlevé. Mais jusqu’où sont-ils capables d’aller pour taire la vérité ?

    Un très bon roman que ce The Cry. Helen Fitzgerald a adroitement peint des personnages forts et plausibles, en proie à un drame épouvantable, et qui vont tout faire pour que la réalité ne soit jamais découverte. Dit ainsi, le sujet semble être mince, voire famélique, mais il n’en est rien : l’écrivaine a construit un récit dense, haletant, et particulièrement poignant. Quand la nouvelle de l’enlèvement va se propager dans les médias et sur les réseaux sociaux, Joanna va vite passer pour la sale mégère, celle qui, déjà dans l’avion qui menait la petite famille en Australie, se comportait mal avec le bébé. Elle avait déjà par le passé brisé le couple que formaient Alistair et Alexandra, heureux parents d’une ado, et voilà qu’elle va être foudroyée par la vindicte populaire et le courroux des masses mal informées, voire pas informées du tout. Alistair, qui est l’étoile montante du parti travailliste, ne tient pas à ce que la mort de son fils soit connue, pour des raisons aussi équivoques que froides, et c’est lui qui va être l’instigateur de ce mensonge éhonté. Helen Fitzgerald a construit son ouvrage avec une belle virtuosité, décrivant avec un immense talent une large gamme d’émotions, des sentiments parfois contradictoires, touchants et révoltants, qui vont traverser les protagonistes de cette histoire. L’auteure décrit avec beaucoup de tact et d’authenticité les démons du deuil, les questions accablantes après le décès d’un proche et les tourments qui peuvent agiter un couple. Un livre choral où s’illustrent les divers personnages – Joanna, Alistair, Alexandra, et également Chloe, l’enfant née du précédent mariage brisé par l’adultère. Et puis il y a ce final : inattendu, mémorable. Un détail, presque insignifiant, narré par une des passagères de l’avion et qui va venir habilement rebattre les cartes de l’histoire. Un rebondissement à la fois crédible et renversant, ouvrant la voie à un épilogue d’une belle justesse humaine.

    Un récit qui chamboule et marque durablement les esprits. Helen Fitzgerald s’illustre par la clarté de son propos qui fait écho à la noirceur de son scénario, diaboliquement simple et mené avec intelligence.

    /5