Le monstre d'Arras

  1. Un coupable trop parfait...

    Jean Maurtin a tout du criminel idéal. La petite Virginie Tirman a été retrouvée morte, et tous les doutes se sont portés sur cet homme assez marginal, obsédé par la photographie. Forts soupçons de la police, puis découverte de preuves irréfutables, et enfin des aveux après vingt-et-une heures de garde à vue. L'affaire semble bouclée. Sauf pour un avocat opiniâtre et son fidèle acolyte, pour qui les preuves sont presque trop évidentes pour être crédibles.

    Après Braquages à Fives, Le monstre d'Arras est le deuxième ouvrage de Pierre Willi – dont il a également peint le tableau figurant en couverture – à paraître aux éditions Ravet-Anceau. Ce roman, oscillant entre l'œuvre noire et le roman à suspense, est parfaitement mené. Les huit premiers chapitres sont absolument remarquables, décrivant avec une sobriété inouïe la lente descente aux enfers de Jean Maurtin, la mécanique implacable de la machine policière, le sentiment de culpabilité des proches du présumé coupable, jusqu'à la confession qui sonne comme un coup de tonnerre. Ensuite, on découvre avec plaisir deux personnages très intéressants, Gilles Démol, avocat atypique déterminé à défendre les pires individus devant la justice, et son comparse Émile Nource, enquêteur en marge. Ce duo de limiers est très attachant, et le lecteur progresse dans le récit au fur et à mesure de leurs impressions et découvertes, jusqu'à la vérité, inattendue. La plume de Pierre Willi est très plaisante, toute en retenue et teintée d'humour, et l'auteur restitue avec beaucoup de crédibilité et d'humanité les pensées de chacun de ses personnages.

    Le monstre d'Arras est donc un livre de très haute volée, à la fois prenant et parfaitement plausible, décrivant avec justesse les douleurs des êtres broyés par les erreurs judiciaires. A n'en pas douter, cet écrivain a du talent, et l'on ne pourra que se ruer sur ses précédents ouvrages ainsi que ceux à venir.

    /5