Clair de loups

  1. Pourquoi un homme se livre-t-il aux fauves ?

    Augustin Poudelou, écrivain arriviste et imbu de sa personne, est retrouvé mort dans l'enclos des lions du zoo de Maubeuge. Que faisait-il dans un tel endroit en pleine nuit ? Détail encore plus étonnant : il semble, d'après les premiers indices, qu'il s'y soit rendu de sa propre initiative. Pour le lieutenant Jules Baudion, l'enquête s'avère difficile, d'autant que la victime comptait nombre d'ennemis. Baudion va commencer à retracer le parcours ainsi que la personnalité de Poudelou, notamment grâce au journal intime de Solange Kieffer, une jeune retraitée qui fait partie de l'entourage du disparu.

    Après Chiens d'Arras, J. Wouters revient au polar en 2008 chez l'éditeur Ravet-Anceau avec cet ouvrage. D'entrée de jeu, la langue de l'auteur marque le lecteur par son élégance et le soin apporté aux descriptions des sentiments humains. Dans une ambiance qui n'est pas sans rappeler celles que se plaisait à décrire Georges Simenon, J. Wouters retranscrit avec talent les relations aigres et tendues dans un microcosme provincial où se côtoient des personnes aux facettes troubles et opaques. Indéniablement, J. Wouters sait peindre ces climats typiques où des drames passés peuvent dissimuler des rancœurs encore bien tenaces. Peut-être y a-t-il quelques longueurs parfois inutiles dans la mesure où ces tableaux humains n'apportent pas obligatoirement de pierres spécifiques à la construction de l'intrigue, mais le lecteur se laisse happer par le récit de l'auteur, raffiné et minutieux, avec un dénouement dans les tout derniers instants du roman, l'ultime page dévoilant l'identité assez inattendue de l'assassin.

    Clair de loups est donc un polar de facture classique, « à l'ancienne » pourrait-on dire, très agréable à lire, sans scène d'action tonitruante ni choc visuel, et qui parvient à magnétiser l'attention du lecteur.

    /5