Pièces détachées

(The Doll House)

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  • 8/10 Corinne et Dominique Hawes ont presque tout pour être heureux. Couple uni, il leur manque néanmoins la pierre angulaire pour parfaire leur existence : un enfant. Trois FIV, mais rien ne se produit. C’est alors que Corinne commence à recevoir, en pièces détachées, des éléments qui constituaient la maison de poupée qu’elle adorait lorsqu’elle était gamine. Dans le même temps, sa sœur, Ashley, reçoit des coups de fil anonymes sans qu’aucune voix ne se manifeste à l’autre bout de la ligne. Serait-ce dû aux hypothétiques liaisons de son homme, James ? Progressivement, un sombre piège va se refermer sur les deux femmes.

    Ce Pièces détachées est le premier ouvrage de Phoebe Morgan à être traduit en France. Le lecteur savoure, dès les premiers chapitres, la construction du roman, qui alterne les points de vue de Corinne et d’Ashley, et où finit par percer la voix d’une gamine, inconnue, narrant sa propre histoire et ses tourments dans des confessions écrites en caractères italiques. Les personnages sont tous bien campés, notamment Corinne, travaillant dans une galerie d’art et n’ayant que de faibles moyens, encore endeuillée par la mort de son père il y a presque un an et meurtrie par les échecs successifs des FIV, ainsi qu’Ashley, mère de trois enfants et dont les revenus de son époux permettent à sa famille un train de vie fort confortable, même si elle est minée par la hantise que James puisse avoir une ou plusieurs maîtresses. Phoebe Morgan instaure progressivement une ambiance lourde et angoissante, puisque des éléments plus inquiétants que de simples morceaux de la maison de poupée vont être portés à l’attention de Corinne, comme un cadavre de lapin sur la voiture ou la sépulture de son père souillée d’un adjectif injurieux. Ici, point de grandes scènes pyrotechniques, de fusillades, de passages mémorables ou cinématographiés, seulement l’habile charpente d’un roman à suspense brillamment construit, avec beaucoup de tact et de crédibilité, qui n’est pas sans rappeler les ouvrages d’illustres écrivains comme Mary Higgins Clark. Au final, même si le déroulé de l’intrigue ainsi que le mobile du tourmenteur sont assez classiques, on n’en demeure pas moins pris par l’efficacité du récit, le talent narratif de Phoebe Morgan, et son final, ouvert et anxiogène, qui détonne dans le paysage de ce type de littérature.

    Un livre présentant un suspense de haute volée, à la structure irréprochable et sans le moindre temps mort : pas étonnant que B.A. Paris l’ait adoré.

    06/05/2021 à 07:04 El Marco (3219 votes, 7.2/10 de moyenne) 2