Blanche, la jeune fille, faisait de son mieux, au contraire, pour apporter dans la maison sinon la gaieté, ce qui était impossible, du moins l'animation et le divertissement. Elle n'avait pas encore vingt ans, était jolie, et les jeunes gens tournaient autour d'elle comme des guêpes autour d'un pot de miel. Les constantes admonestations de son frère, qui aurait voulu la voir prendre la vie au sérieux, glissaient sur sa nature de vif-argent. Afin de ne pas heurter les convictions de sa famille et des amis qui fréquentaient la maison de son père, elle affichait des opinions royalistes et savait fort bien exprimer son amour pour le roi et son horreur devant le sort qui le menaçait, mais tout cela était superficiel ; les opinions politiques de Blanche ne l'empêchaient pas d'accepter les hommages d'un jeune homme bien connu pour sa ferveur républicaine, Louis Maurin, un jeune notaire qui aimait beaucoup Blanche et craignait tout autant le père de sa bien-aimée. Le vieux Levet n'avait pas formellement défendu l'entrée de sa maison à Louis Maurin, mais il n'encourageait pas ses visites ; cependant, lorsqu'il osait se présenter, Louis était très discret et le sourire de Blanche lui permettait de supporter les coups d'œil furieux du père de famille chaque fois que la politique venait sur le tapis.
10e livre de la série Le Mouron rouge
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Soumis le 05/01/2020 par LeJugeW