La Maison sans sommeil

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  • 9/10 Paul, douze ans, est obligé de déménager avec sa famille et s’installe dans une nouvelle maison, à Loupviers, en Normandie. Mais sur place, le cauchemar commence. Paul entend d’étranges bruits dans la demeure, en plus d’être la proie de terrifiantes hallucinations nocturnes. Serait-il seulement victime de somnambulisme, comme le pensent ses parents ? Ou la petite fille aperçue lors de ses apparitions existe-t-elle vraiment ?

    Casterman s’est lancé un nouveau défi : sortir une collection, Hanté, à même de faire frissonner ses jeunes lecteurs. C’est Benoît Malewicz, pseudonyme de Thibault Vermot, et Rolland Auda avec L’Amie du sous-sol, qui dégainent les premiers. Et ce n’est qu’un euphémisme que dire que cette Maison sans sommeil est une réussite totale. Le postulat de départ semble assez simple, voire convenu et rabâché, mais ce qu’en fait son auteur est un pur délice de littérature. Des personnages simples et instantanément indentifiables, pour lesquels on ne peut que ressentir de l’intérêt et de l’empathie. Une écriture très efficace, qui fait monter la tension, avec un vocabulaire sans fioriture mais terriblement prenant. Des scènes particulièrement soignées, propres à faire dresser les poils des jeunes – et moins jeunes – lecteurs : on se souviendra ainsi longtemps du passage de Paul dans la baignoire, ou encore ce final, à plusieurs tiroirs, sacrément mouvementé et diabolique. C’est bien simple : on a très souvent l’impression de lire la novélisation – avec beaucoup d’âme et de talent – d’un film d’horreur destiné à nos juniors. Il ne faut d’ailleurs pas se méprendre sur la teneur de cet ouvrage : cela n’a par exemple rien à voir avec les écrits de R. L. Stine. Ici, c’est dru, dense, fort, sans la moindre concession faite aux plus jeunes lecteurs. A cet égard, l’épilogue le démontre aisément : aucune réponse fournie avec facilité, un suspense âpre, et la nécessité de réfléchir à ce que Thibault Vermot aura voulu faire germer en chaque lecteur.

    Une bien belle réussite littéraire, propre à tailler des croupières aux écrivains américains. Peut-être tenons-nous là le premier jalon, fort bien né, d’une collection qui pourra s’inscrire dans la durée. Si les autres opus sont de la même qualité, nous ne pouvons que nous en réjouir.

    04/03/2020 à 07:09 El Marco (3419 votes, 7.2/10 de moyenne) 3