Pour le pire

(The Woman Inside )

  1. « Ce qui ne me tue pas me rend plus forte »

    Paul et Rebecca Campbell. De prime abord, ils forment un couple épanoui et comblé. Cependant, quand deux policiers viennent sonner à leur porte, c’est le début d’un véritable cauchemar, dû à la fois à leurs agissements, mais également parce qu’ils vont être les victimes d’une incroyable machination.

    Sous le pseudonyme d’E. G. Scott, se cachent les auteurs Elizabeth Keenan et Greg Wands, et c’est donc à quatre mains qu’ils ont signé en 2019 ce domestic suspense. Les chapitres alternent les divers points de vue, comme ceux de Paul et de Rebecca, mais également ceux des deux enquêteurs que sont Silvestri et Wolcott, les écrivains poussant le refus de la linéarité jusqu’à préciser par des Avant et Après des scènes se déroulant de part et d’autre de certains événements. De prime abord, le récit est classique : le couple dissimulant certains secrets, dont quelques-uns vont brutalement remonter à la surface. Paul, en époux travaillant dans l’immobilier et à la réputation de coureur de jupons, ainsi que Rebecca, visiteuse médicale ponctionnant régulièrement des échantillons d’opiacés pour sa consommation personnelle, ont mis de côté leur envie d’avoir un enfant au profit de leur grand projet commun qui est d’acquérir leur belle et opulente maison. Mais les couches de vernis vont se fissurer et les drames survenir. Car E. G. Scott a mijoté pas mal de rebondissements et autres twists bienvenus. Des coups du sort, des actions malheureuses certes, mais aussi quelques événements inattendus, brisant le côté téléphoné et si attendu que l’on avait cru percevoir à l’entame de ce roman. Sans rien divulguer, il faut bien avoir à l’esprit que certains passages sont très bien imaginés tandis que le style des auteurs est très intéressant, avec une vraisemblance qui rend d’autant plus efficaces les surprises disséminées principalement dans la seconde partie du livre. D’ailleurs, l’épilogue, pluriel, est en soi un bel exemple de l’imagination des auteurs, qui jamais ne se départissent de leur souci de crédibilité.

    Un très bon roman, prenant et plausible, et qui n’est finalement desservi que par un titre français assez banal et un résumé qui a dû être écrit par quelqu’un qui n’a pas lu l’ouvrage. Un opus très réussi qui distrait tout en posant de justes questions sur la fragilité d’un couple, les sinistres accidents qui peuvent intervenir, le manque de confiance dans l’être aimé, ou encore jusqu’où peut-on avoir foi en lui lorsque les apparences se montrent si néfastes.

    /5