Un camp de vacances, dans le Massachusetts. Parce qu’il ne sait pas nager, Joey Proctor, huit ans, est tiré de l’eau par Alex Mason, maître-nageur, qui l’abandonne sur un radeau au beau milieu du lac. S’il veut rejoindre le rivage, il n’aura qu’à y arriver par ses propres moyens, ce n’est pas la mer à boire. Sauf que Joey disparaît. Vingt-et-un ans plus tard, Alex Mason est devenu un redoutable promoteur immobilier à New York, à la tête d’un empire et aux dents sans cesse croissantes. Une femme, deux filles, et un bonheur uniquement entaillé par de lointaines escapades sexuelles. Sauf que des nuages s’amoncellent subitement au-dessus de lui : sa piscine dans laquelle quelqu’un a versé du sang, un message gravé au fond, des images qui se veulent compromettantes, un tag dans un immeuble désaffecté, un rôdeur qui pénètre chez lui pour filmer sa famille. Clairement, on lui en veut. Serait-ce Joey revenu se venger ?
Ce premier ouvrage de J. P. Smith séduit dès les premiers instants. Avec un style très épuré, presque simple, l’auteur nous fait revivre, au gré de chapitres très courts et dynamiques, cette mise sous pression d’Alex Mason. Ce dernier a évacué depuis longtemps l’abandon du gamin, sans guère de remords, mais ces menaces, graduelles et insistantes, ne sauraient être un quiproquo, ou l’œuvre d’une personne malveillante, vu les moyens employés et le caractère appuyé de ces intimidations. Pourtant, les éventuels auteurs de ces messages se bousculent : une maîtresse éconduite ? Cet autre promoteur immobilier avec lequel Alex a commencé à croiser le fer dans le cadre de la conquête de la Grosse Pomme ? Son épouse, Ashley, lassée de ses infidélités ? Et que dire de cette légende, racontée au coin du feu, à propos d’un dénommé John Otis, qui s’emparerait des enfants ? Intelligemment, J. P. Smith multiplie les fausses pistes et les rebondissements, poussant cet homme au sang froid, pour lequel on n’éprouve guère d’empathie, à l’écart verbal, au comportement belliqueux, voire à l’assassinat. Cependant, malgré une mécanique certes classique mais habile, il manque à ce roman un petit quelque chose qui le rendrait définitivement mémorable. Un soupçon d’originalité ? Une écriture davantage travaillée ? Un twist final plus fort ? Si l’épilogue est bien construit et fournit l’identité du coupable avec, à la clef, les explications tant attendues, peut-être rate-t-il le coche d’un dénouement plus marquant.
Un opus noir réussi, aux engrenages huilés et au style adroit, à peine desservi par un léger défaut de percussion ou de tempérament.
Jeune adulte, Alex Mason a travaillé dans un camp de vacances où il apprenait à des jeunes garçons à nager. Le jour de l'examen de natation, exaspéré par ses pleurs, il décide de laisser Joey Proctor, 8 ans, sur le radeau d'où s'élançaient les enfants en lui disant qu'il faudra bien qu'il finisse par nager s'il souhaite rentrer. Seulement, il l'y oublie et Joey ne rentre pas au camp. Malgré les battues des environs, les plongées dans le lac, l'enquête n'aboutit à rien, Joey ne sera jamais retrouvé. Alex a toujours tu l'épisode du radeau.
Vingt ans plus tard, riche promoteur bien installé à Manhattan, Alex est victime de drôles de blagues à son domicile. Du sang est versé dans sa piscine. Des photos compromettantes sont envoyées à son épouse. Une intrusion est constatée… Pour la police, tout cela semble être l’œuvre de quelqu'un qui cherche à se venger. Et si Joey était encore en vie ?
Septième roman de J. P. Smith, Noyade est seulement le premier à sortir en France, dans cette traduction de Philippe Loubat-Delranc (traducteur de Thomas H. Cook et Don Winslow entre autres).
Il s'agit d'un thriller de facture classique, intéressant à bien des égards mais qui peine à passionner de bout en bout. Le départ est assez lent mais saupoudré d'une touche de surnaturel – la légende de John Otis, le voleur d'enfants, que les moniteurs racontent au coin du feu pour effrayer les campeurs en herbe – bienvenue, eu égard aux événements survenus par la suite. La personnalité même d'Alex – richissime homme d'affaires imbu de lui-même – ainsi que son attitude envers Joey n'incitent pas à faire s'émouvoir le lecteur de ce qu'il traverse. Le suspense monte crescendo une fois qu'Alex comprend que ce qui lui arrive pourrait avoir un rapport avec la disparition de Joey et qu'il commence à craindre, non seulement pour lui-même, mais aussi pour ses proches. Hormis quelques passages dispensables sur la teneur des affaires immobilières d'Alex, le récit devient assez haletant et l'on est bien curieux de connaître le fin mot de l'histoire. C'est là mal connaître J. P. Smith, qui décide de se jouer des codes du thriller classique et de ne pas livrer toutes les réponses attendues, tout en ne ménageant pas ses protagonistes.
Finalement plus original que le résumé ne le laisse penser, Noyade est un honnête thriller qui, s'il n'est pas dépourvu de certaines qualités, peine à convaincre totalement.
Un camp de vacances, dans le Massachusetts. Parce qu’il ne sait pas nager, Joey Proctor, huit ans, est tiré de l’eau par Alex Mason, maître-nageur, qui l’abandonne sur un radeau au beau milieu du lac. S’il veut rejoindre le rivage, il n’aura qu’à y arriver par ses propres moyens, ce n’est pas la mer à boire. Sauf que Joey disparaît. Vingt-et-un ans plus tard, Alex Mason est devenu un redoutable promoteur immobilier à New York, à la tête d’un empire et aux dents sans cesse croissantes. Une femme, deux filles, et un bonheur uniquement entaillé par de lointaines escapades sexuelles. Sauf que des nuages s’amoncellent subitement au-dessus de lui : sa piscine dans laquelle quelqu’un a versé du sang, un message gravé au fond, des images qui se veulent compromettantes, un tag dans un immeuble désaffecté, un rôdeur qui pénètre chez lui pour filmer sa famille. Clairement, on lui en veut. Serait-ce Joey revenu se venger ?
Ce premier ouvrage de J. P. Smith séduit dès les premiers instants. Avec un style très épuré, presque simple, l’auteur nous fait revivre, au gré de chapitres très courts et dynamiques, cette mise sous pression d’Alex Mason. Ce dernier a évacué depuis longtemps l’abandon du gamin, sans guère de remords, mais ces menaces, graduelles et insistantes, ne sauraient être un quiproquo, ou l’œuvre d’une personne malveillante, vu les moyens employés et le caractère appuyé de ces intimidations. Pourtant, les éventuels auteurs de ces messages se bousculent : une maîtresse éconduite ? Cet autre promoteur immobilier avec lequel Alex a commencé à croiser le fer dans le cadre de la conquête de la Grosse Pomme ? Son épouse, Ashley, lassée de ses infidélités ? Et que dire de cette légende, racontée au coin du feu, à propos d’un dénommé John Otis, qui s’emparerait des enfants ? Intelligemment, J. P. Smith multiplie les fausses pistes et les rebondissements, poussant cet homme au sang froid, pour lequel on n’éprouve guère d’empathie, à l’écart verbal, au comportement belliqueux, voire à l’assassinat. Cependant, malgré une mécanique certes classique mais habile, il manque à ce roman un petit quelque chose qui le rendrait définitivement mémorable. Un soupçon d’originalité ? Une écriture davantage travaillée ? Un twist final plus fort ? Si l’épilogue est bien construit et fournit l’identité du coupable avec, à la clef, les explications tant attendues, peut-être rate-t-il le coche d’un dénouement plus marquant.
Un opus noir réussi, aux engrenages huilés et au style adroit, à peine desservi par un léger défaut de percussion ou de tempérament.
Jeune adulte, Alex Mason a travaillé dans un camp de vacances où il apprenait à des jeunes garçons à nager. Le jour de l'examen de natation, exaspéré par ses pleurs, il décide de laisser Joey Proctor, 8 ans, sur le radeau d'où s'élançaient les enfants en lui disant qu'il faudra bien qu'il finisse par nager s'il souhaite rentrer. Seulement, il l'y oublie et Joey ne rentre pas au camp. Malgré les battues des environs, les plongées dans le lac, l'enquête n'aboutit à rien, Joey ne sera jamais retrouvé. Alex a toujours tu l'épisode du radeau.
Vingt ans plus tard, riche promoteur bien installé à Manhattan, Alex est victime de drôles de blagues à son domicile. Du sang est versé dans sa piscine. Des photos compromettantes sont envoyées à son épouse. Une intrusion est constatée… Pour la police, tout cela semble être l’œuvre de quelqu'un qui cherche à se venger. Et si Joey était encore en vie ?
Septième roman de J. P. Smith, Noyade est seulement le premier à sortir en France, dans cette traduction de Philippe Loubat-Delranc (traducteur de Thomas H. Cook et Don Winslow entre autres).
Il s'agit d'un thriller de facture classique, intéressant à bien des égards mais qui peine à passionner de bout en bout. Le départ est assez lent mais saupoudré d'une touche de surnaturel – la légende de John Otis, le voleur d'enfants, que les moniteurs racontent au coin du feu pour effrayer les campeurs en herbe – bienvenue, eu égard aux événements survenus par la suite. La personnalité même d'Alex – richissime homme d'affaires imbu de lui-même – ainsi que son attitude envers Joey n'incitent pas à faire s'émouvoir le lecteur de ce qu'il traverse. Le suspense monte crescendo une fois qu'Alex comprend que ce qui lui arrive pourrait avoir un rapport avec la disparition de Joey et qu'il commence à craindre, non seulement pour lui-même, mais aussi pour ses proches. Hormis quelques passages dispensables sur la teneur des affaires immobilières d'Alex, le récit devient assez haletant et l'on est bien curieux de connaître le fin mot de l'histoire. C'est là mal connaître J. P. Smith, qui décide de se jouer des codes du thriller classique et de ne pas livrer toutes les réponses attendues, tout en ne ménageant pas ses protagonistes.
Finalement plus original que le résumé ne le laisse penser, Noyade est un honnête thriller qui, s'il n'est pas dépourvu de certaines qualités, peine à convaincre totalement.