Naomi, enquêtrice spécialisée dans les disparitions d’enfants, est encore marquée par son passé : elle se souvient vaguement avoir échappé à son séquestreur quand elle était gamine, sans pour autant savoir ce qu’est devenue sa sœur cadette, encore sous le joug du kidnappeur, ou morte. Toujours à sa recherche, elle entend parler de pauvres gosses dont on découvre les cadavres dans la rivière de Portland, Oregon. Naomi pourra-t-elle y sceller son passé ?
Après Trouver l’enfant, c’est ici le deuxième tome de la série consacrée à Naomi Cottle. Un ouvrage assez court (un peu moins de trois cents pages), signé Rene Denfeld, et il aurait été bien inutile de vouloir le surcharger de chapitres supplémentaires. De la première à la dernière page, on a souvent la facilité de dire que l’on a été « emporté » ou « happé » : ici, le terme le plus adéquat serait « noyé ». Une lecture en apnée, dans les ravages du monde, l’écrivaine nous maintenant la tête bien en dessous de la surface, dans des eaux malsaines, toxiques. Et où l’on se refuserait, en temps normal, de se baigner. Naomi retient bien évidemment l’attention avec son passé chaotique et fracturé, devenue détective spécialisée pour conjurer ses propres fantômes, et usant volontiers de ses poings dévastateurs ailleurs que sur les rings de boxe. Elle est accompagnée de son conjoint Jerome, d’origine kapaluya, et qui a perdu un bras lors d’un conflit armé. Mais ce qui frappe le plus dans ce récit étouffant, c’est le personnage de Celia : gamine de douze ans – bientôt treize, elle vit dans les rues de Portland aux côtés de ses amis Rich et La Défonce, après avoir choisi la marginalité pour échapper aux viols de son beau-père Teddy. Dans la misère de la ville, elle se prostitue, survit plus qu’elle ne vit, gardant en tête la beauté des papillons pour lesquels elle s’est passionnée, avec le secret espoir de pouvoir sauver sa sœur cadette, Alyssa, des griffes vicieuses de son parâtre. Jamais Rene Denfeld ne sombre dans les descriptions sordides, tout est dans l’implicite, le suggéré, ce qui n’empêche nullement ce roman de rester très dur et brut au point qu’il ne saurait être conseillé aux âmes sensibles.
Un opus sombre et déchirant, saturé d’émotions contradictoires, où le feu et le glacé se côtoient à merveille. Son style magnifique et sa concision servent à la perfection son propos, préservant quelques passages emplis d’espoir et de rédemption au beau milieu de ce marécage malsain. On n’est définitivement pas près d’oublier cette Fille aux papillons et les autres insectes nuisibles qui peuplent cet ouvrage remarquable.
Naomi, enquêtrice spécialisée dans les disparitions d’enfants, est encore marquée par son passé : elle se souvient vaguement avoir échappé à son séquestreur quand elle était gamine, sans pour autant savoir ce qu’est devenue sa sœur cadette, encore sous le joug du kidnappeur, ou morte. Toujours à sa recherche, elle entend parler de pauvres gosses dont on découvre les cadavres dans la rivière de Portland, Oregon. Naomi pourra-t-elle y sceller son passé ?
Après Trouver l’enfant, c’est ici le deuxième tome de la série consacrée à Naomi Cottle. Un ouvrage assez court (un peu moins de trois cents pages), signé Rene Denfeld, et il aurait été bien inutile de vouloir le surcharger de chapitres supplémentaires. De la première à la dernière page, on a souvent la facilité de dire que l’on a été « emporté » ou « happé » : ici, le terme le plus adéquat serait « noyé ». Une lecture en apnée, dans les ravages du monde, l’écrivaine nous maintenant la tête bien en dessous de la surface, dans des eaux malsaines, toxiques. Et où l’on se refuserait, en temps normal, de se baigner. Naomi retient bien évidemment l’attention avec son passé chaotique et fracturé, devenue détective spécialisée pour conjurer ses propres fantômes, et usant volontiers de ses poings dévastateurs ailleurs que sur les rings de boxe. Elle est accompagnée de son conjoint Jerome, d’origine kapaluya, et qui a perdu un bras lors d’un conflit armé. Mais ce qui frappe le plus dans ce récit étouffant, c’est le personnage de Celia : gamine de douze ans – bientôt treize, elle vit dans les rues de Portland aux côtés de ses amis Rich et La Défonce, après avoir choisi la marginalité pour échapper aux viols de son beau-père Teddy. Dans la misère de la ville, elle se prostitue, survit plus qu’elle ne vit, gardant en tête la beauté des papillons pour lesquels elle s’est passionnée, avec le secret espoir de pouvoir sauver sa sœur cadette, Alyssa, des griffes vicieuses de son parâtre. Jamais Rene Denfeld ne sombre dans les descriptions sordides, tout est dans l’implicite, le suggéré, ce qui n’empêche nullement ce roman de rester très dur et brut au point qu’il ne saurait être conseillé aux âmes sensibles.
Un opus sombre et déchirant, saturé d’émotions contradictoires, où le feu et le glacé se côtoient à merveille. Son style magnifique et sa concision servent à la perfection son propos, préservant quelques passages emplis d’espoir et de rédemption au beau milieu de ce marécage malsain. On n’est définitivement pas près d’oublier cette Fille aux papillons et les autres insectes nuisibles qui peuplent cet ouvrage remarquable.