Au-delà de l'horizon et autres nouvelles

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  • 8/10 Au gré de ce recueil, j’ai eu le plaisir de relire des textes déjà lus précédemment (il y a même parfois longtemps), à savoir « Hostiles », « Ouroboros » et « Le Grand Voyage ». Pour ce qui est des autres – inédites à mes yeux, donc, un beau cocktail. « Au-delà de l’horizon », ou comment Marc, exobiologiste, va accomplir une série de missions dans le confinement d’un dôme scientifique aux côtés de cinq autres scientifiques, en préparation des futures expéditions sur Mars, sauf que rapidement, des détails se mettent à choquer l’équipe, la paranoïa augmente, sans compter divers éléments étranges (la mallette à arme à feu, la salamandre morte, les mails échangés avec son épouse Hélène, etc.). Une histoire bien agréable, même si j’ai trouvé la chute un peu faible par rapport à ms attentes. « Charybde et Scylla » s’est montrée bien plus convaincante à mes yeux, ou comment un dénommé John Doe nous fait basculer de l’autre côté du miroir, là où s’enchevêtrent l’imaginaire des écrivains, le processus de création artistique, et la puissance de la pensée chez les lecteurs. Une magnifique volée de pages, convaincantes et atypiques, renvoyant les créatures littéraires au rang de sous-individus que l’on peut exploiter à sa guise, quitte à les mutiler voire les tuer. Un univers qi tranche singulièrement – du moins est-ce mon avis – avec le reste de la bibliographie de Franck Thilliez, et j’ai beaucoup apprécié cette prise de risque, même éphémère, à classer à côté de « Prière d’achever » de John Connolly. En revanche, peut-être aurait-elle mérité des pages en plus pour développer ce thème, d’autant que je l’ai trouvé très bien imaginé et traité, ainsi qu’un côté un peu plus « thriller », car là, c’est presque de la littérature blanche. « Gabrielle » m’a fait passer un bon moment, avec sa simplicité et son final intéressant, et la concision (une vingtaine de pages) a servi le dynamisme de l’ensemble. « Sopor », ou une relecture habile de « La Disparition » de Georges Perec : dix pages intelligentes où monte le suspense quant à ces lettres sciemment progressivement omises, jusqu’à la conclusion finale (en revanche, merci Internet pour la compréhension du titre de cette nouvelle). « Double Je », ou la curieuse confession de Ganel Todanais à la policière Eulalie, déclarant qu’il a tué un artiste, Natan de Galois, qui expérimente le même processus de création que lui, à savoir un appareil qui transpose la voix humaine en œuvres créées par une imprimante 3D. Des accents à la Edgar Allan Poe (je ne serais pas surpris que Franck Thilliez ait lu « William Wilson » ou « Les Souvenirs de M. Auguste Bedloe », par exemple). Un beau suspense, allant crescendo, prenant et efficace, mais dont la fin est facilement devinable, presque téléphonée (le tour de passe-passe dévoilé page 247, histoire de ne rien divulguer, sans compter le titre trop explicite). Et comme je suis de ceux qui avaient deviné la fin, je me sens un peu frustré, d’autant que l’immense talent de l’auteur lui aurait amplement permis de trouver une autre clef de résolution. « Lasthénie », ou la trajectoire de deux personnages, Catherine, sévèrement anémiée, et Nathanaël, au rhésus rarissime, à laquelle vient s’adjoindre cette Lasthénie, barmaid de son état. Une histoire originale dans le fond – le sang, ses particularités organiques, le don – mais moins dans la forme, parce que la chute peut se deviner, d’autant qu’elle est plutôt capillotractée, je trouve. « La Croisée des chemins », ou la séquestration du petit Martin par Claude dans un chalet isolé pendant près d’un an, avant que les raisons de cette incarcération n’apparaissent : pas mal d’émotion et de beaux sentiments, pour des thèmes (notamment le médical) déjà lus mais très adroitement exploités. « Un dernier tour », comment le cadavre d’une femme, remontant à la surface du lac Besson, va conduire, de fil en aiguille, avec d’autres cadavres retrouvés à la clef, à conduire le policier Paul Mourier à enquêter sur une série de meurtres en rapport avec le Tour de France. Un protagoniste singulier, sacrément amoché à la jambe et présentant une amnésie suite à la chute de son appartement en feu, n’ayant conservé de cet épisode nébuleux qu’une photo dans sa poche et deux balles de 9 mm. Une histoire très réussie – certains diraient probablement qu’elle est tirée par les cheveux, mais c’est un peu le jeu de ce type de littérature, forte et efficace, et qui tient en… douze pages. Et c’est là à mon avis son principal écueil, presque paradoxal : l’histoire est tellement bonne et prenante que je l’aurais volontiers imaginée en un format plus long, presque un roman, avec une belle adaptation télévisuelle à la clef. « Origines », ou l’étrange phénomène qui se manifeste, aux derniers instants de l’année 1999 : la doyenne de l’humanité, française, Marie Pasteur, qui a 129 ans, finit par décéder. Dans la foulée, des bébés meurent… puis dans toute la France, le monde entier, et durant plusieurs jours de suite. Il semblerait que quelque chose se soit déréglé : la Nature ? La génétique ? La Terre, peut-être ? l’humanité ? Toujours est-il que le temps semble désormais s’écouler à l’envers, à partir de cette date fatidique du tout début 2000, faisant rajeunir tous les membres de l’espèce humaine et ne laissant donc que les plus âgés libres de vivre le temps qu’ils ont déjà vécu sur Terre. Une idée géniale (peut-être en partie inspirée de « L’Etrange Histoire de Benjamin Button » de Francis Scott Fitzgerald, l’élément génétique et mondial en plus), habilement menée, jusqu’à sa conclusion, assez attendue je trouve, mais c’est probablement parce que Franck Thilliez comptait mettre en relief le concept de cette nouvelle plus qu’une éventuelle fin marquante.
    Pour moi, un recueil très appétissant, jouissant du fourmillement des idées et de l’ingéniosité de l’écrivain, et même si certaines nouvelles m’ont un peu moins plus, le résultat arithmétique de l’ensemble ne consiste pas en une simple moyenne des diverses notes mais un avis global, ici très bon.

    11/12/2024 à 05:55 El Marco (3454 votes, 7.2/10 de moyenne) 4

  • 8/10 Des nouvelles toutes différentes, certaines très originales mais toutes efficaces ! et pour certaines....terriblement d'actualité à cette heure de pandémie mondiale !

    03/04/2020 à 17:54 calimero13 (1074 votes, 7.4/10 de moyenne) 2

  • 6/10 C'étais pas gagné cette affaire . Je ne suis pas fan du style "nouvelle " et je le suis par contre de l'auteur ......suspens...
    Résultat mitigé . J'ai trouvé que ces nouvelles étaient très inégales en qualité , j'en ai aimé une petite moitié et me suis un peu ennuyé avec le reste .
    Deux ou trois histoires d'ailleurs , développées , feraient sans doute de bons romans .
    Attention, çà reste bien écrit ..eh ho c'est Franck Thilliez quand même ,mais bon ce format de bouquin me convient que moyennement.
    bah...c'est comme çà..

    04/03/2020 à 23:07 patoche77 (333 votes, 7.6/10 de moyenne) 2

  • 6/10 A 2 ou 3 rares exceptions près, j'ai beaucoup aimé les romans de Thilliez que j'ai lu (et je les ai presque tous lu), à l'instar de la série Sharko/Hennebelle. Je n'avais jamais lu une de ses nouvelles et ce recueil m'en a donné l'occasion. C'est un genre que je n'affectionne pas plus que cela mais j'ai beaucoup apprécié certaines de Karine Giebel et j'avais été impressionné et scotché par la quasi intégralité de celles de Jeffery Deaver (dans Spirales infernales). Je me suis donc laissé tenter par ce recueil d'un de mes auteurs préférés. Malheureusement, j'en ressors un peu déçu car j'ai trouvé la majorité des nouvelles assez moyennes et, au mieux, quelques unes assez bonnes mais sans plus. Alors certes, cela n'enlève en rien le talent de Thilliez, certaines des nouvelles étant très originales mais, et même pour celles-ci, on peut assez aisément deviner le fin mot de l'histoire. Je n'ai pas du tout accroché sur quelques unes, voire, et alors qu'elles sont courtes, je me suis ennuyé. Je suis donc moyennement convaincu par ce recueil et, pour ma part, je trouve que le talent de Thilliez s'exprime beaucoup mieux aux travers de récits plus longs, avec des personnages plus développés... que dans ses nouvelles qui ne me laisseront pas un souvenir impérissable. Dommage pour moi et vivement son prochain roman.

    22/02/2020 à 23:55 ericdesh (983 votes, 7.4/10 de moyenne) 4

  • 9/10 Absolument rien à jeter dans ce recueil. Douze nouvelles plus ou mois longues allant du bon à l'excellentissime. Un format que je n'affectionne pourtant pas spécialement. J'avais déjà lu quelques unes mais les relire fut un vrai plaisir. Certaines histoires sont vraiment originales, Franck Thilliez allant puiser loin dans sa créativité. Chapeau bas et vivement le prochain roman.

    12/01/2020 à 20:24 LeoLabs (338 votes, 7.3/10 de moyenne) 8