Dilemme

  1. Quatorze ans de latence

    Nathan Lemonnier, sept ans, est le seul survivant du massacre de sa famille. Un inconnu s’est introduit dans la maison familiale avant de perpétrer un carnage. Nathan est confié aux bons soins d’Agathe Delcourt, pédopsychologue, tandis que l’enquête revient au lieutenant Louis Salvant-Perret et à ses collègues. Cet homicide multiple fait écho à une affaire similaire, ayant eu lieu quatorze ans plus tôt : le tueur serait-il de nouveau à l’œuvre ?

    Principalement connue pour sa série consacrée à Lynwood Miller, Sandrine Roy nous gratifie avec ce Dilemme d’un roman à suspense autonome. On est aussitôt plongé dans l’ambiance, avec ce tourmenteur, visiblement enflammé dès qu’il est question d’écologie, de surpopulation ou de gabegie, en 2000, avant la survenue, bien des années plus tard, d’autres carnages. C’est alors que l’on découvre une plume particulièrement enthousiasmante, et bien moins sombre et froide que ne le laissait augurer l’entame du livre : Sandrine Roy s’inscrit bien davantage dans le sillon de Laurent Scalese que de Maxime Chattam, pour résumer. Aucune surenchère sanglante ni pyrotechnie insensée, sans compter que les divers protagonistes ne sont pas tourmentés ni fissurés comme on a tant l’habitude de le voir ailleurs. Par exemple, Louis, surnommé « Le Prince du central », est un type presque sans histoire, toujours calme et poli même lorsque la situation se corse, et dont les frictions avec sa fille France-Alix ne vient pas bouleverser son métier. On apprécie également Maud Cortès, lieutenant au cœur immense ou encore Hébrard, sympathique version policière de Jean-Claude Dusse, toujours prêt à conclure mais n’arrivant jamais jusqu’à cette ligne d’arrivée. Cependant, l’intrigue n’en demeure pas moins soutenue, avec de nombreux rebondissements et autres interrogations (à quoi correspondent ces initiales retrouvées sur l’envers des matelas ?), maintenant un haut niveau de suspense. Et la fin de l’ouvrage est également solide, avec une résolution de l’énigme fort habile.

    Un roman d’une très bonne tenue, inspiré, où Sandrine Roy aligne astucieusement quelques références à ses auteurs apparemment préférés, comme Fred Vargas, Pierre Lemaitre ou Christian Blanchard. L’ouvrage idéal pour un bon moment de lecture décomplexée, loin des ombres américaines du thriller.

    /5