L'Escalier du Diable

(The Crooked Staircase )

  1. « Jouons au crime dans la tête »

    Jane Hawk, ancienne inspectrice au FBI, dont le mari s’est soi-disant suicidé, lutte encore contre les Arcadiens afin de mettre un terme à leur cabale et sauver Travis, son fils. Deux jumeaux écrivains, Sanjay et Tanuja, s’apprêtent à devenir les proies des comploteurs tandis que Jane s’intéresse à Simon Hendrickson dont le demi-frère, Booth, est lié aux Arcadiens. Il faudra à la jeune femme déployer des trésors de pugnacité, quitte à plonger dans « L’Escalier du diable » et y découvrir de sinistres rituels.

    Après Dark Web et La Chambre des murmures, voici donc le troisième ouvrage de la série consacrée à Jane Hawk. Même si c’est conseillé afin de ne rien perdre du sel des enchaînements et de la chronologie des faits, cet opus peut tout à fait se lire indépendamment des précédents. On (re)trouve donc le personnage de Jane, femme résolue à combattre ces conspirateurs ayant décidé de contrôler le monde via les nanotechnologies, soumettant certains individus figurant sur la « liste Hamlet » en raison de leurs idées et attitudes. Dean Koontz, principalement connu pour ses romans fantastiques et d’horreur, s’oriente ici davantage vers le thriller, même si la présence de ces nanotechnologies et autres instruments d’hypnose et de conditionnement viennent brouiller la ligne de démarcation entre ces deux étiquettes. Le rythme imposé par l’auteur est ici échevelé, presque infernal, avec de très courts chapitres (parfois inférieurs à une page), permettant une alternance entre les points de vue des divers protagonistes. Jane Hawk impressionne par son charisme, sa foi en la recherche de la vérité, son abnégation, et cette passionnée de piano autant que virtuose dans la pratique de cet instrument, séduit du début à la fin de l’histoire. Le récit entremêle habilement complotisme, nouvelles technologies, contrôle des individus via des envoûtements purement scientifiques, et l’on se plaît à côtoyer quelques personnages bien sentis, comme la mère Hendrickson, véritable gourou machiavélique, ou Cornell Jasperson, collapsologue millionnaire s’étant fait bâtir un bunker dans la perspective d’un effondrement civilisationnel. Ce que Jane et ses camarades découvriront au fond d’une grotte, en bas de cet escalier du diable qui prête son sobriquet à ce livre, offrira autant de moments de pure angoisse qu’une forme de tremplin saturé de suspense vers le tome suivant, La Porte interdite.

    Un thriller hollywoodien dans la plus pure tradition, et au sens positif du terme, avec fusillades, courses-poursuites, grosses cylindrées et scénario idéal pour se divertir. Dean Koontz a concocté un très habile cocktail, frappé et délicieux, à consommer sans modération. Erudit, l’auteur n’en oublie pas quelques jolies références littéraires (de L'Orange mécanique d’Anthony Burgess à la série consacrée à Nero Wolfe de Rex Stout en passant par Le Tour d'écrou de Henry James).

    /5