Toutes ses grenades lancées, Machabiaud vida les chargeurs de sa mitraillette. Il combattait pour son compte, seul, sans se préoccuper de ceux qui le suivaient., Son arme vide, il la jeta sur le sol et sortit son pistolet. Dans la fusillade générale, assourdissante, dans l'odeur de poudre où hurlaient les blessés et résonnaient les clairons adverses, il commença de compter ses coups. Tapi derrière un arbre, il fracassa le crâne d'un Viet. Aplati sous un rocher, il troua la poitrine d'un autre. Puis
progressa, tira encore, bondit à nouveau dans la marée humaine qui se jetait au corps à corps. A la huitième balle, il lança son pistolet à toute volée sur le visage d'un petit homme grimaçant et dégaina son poignard.
Autour de lui, la plupart de ses camarades étaient tombés. Mais Machabiaud continuait, insensible à la fusillade qui crépitait derrière lui. Ce n'était plus que râles, combats isolés, individuels, meurtriers, fous, dans l'ombre du couloir où les adversaires s'égorgaient.
A genoux, l'écume aux lèvres, Machabiaud put encore attraper, à bras-le-corps, l'un des Viets dont la masse hurlante engloutissait les parachutistes, le renverser et lui enfoncer son couteau dans la poitrine.
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Soumis le 14/07/2019 par LeJugeW