Le Furet égaré

  1. Marie-Christine Montfort-Louis n’est plus. On vient de retrouver son corps dans son appartement du 16e arrondissement, le crâne fracassé, une paire de ciseaux ensanglantée dans la main. Son mari ? Il erre près d’un lac lorsque quelque chose le percute violemment à la tête, entraînant une amnésie totale quant à son identité. C’est ensuite un véhicule qui bascule dans les eaux, et dans lequel on retrouve une mallette contenant une arme étrange. Il faudra au capitaine Brunie des trésors d’acharnement et de sagacité pour tout dénouer.

    Après La Lézarde du hibou, dont on avait pensé beaucoup de bien, Denis Julin revient avec ce deuxième tome des enquêtes menées par le policier Brunie. On retrouve la patte de l’auteur : une écriture léchée, parfois même très poétique, un suspense intelligemment construit, pas mal d’humour, et des personnages crédibles et d’une grande humanité. Le lecteur se plaira à suivre la traque menée par le capitaine, mais ce protagoniste, quoique fort réussi, ne constitue pas nécessairement le plus intéressant de l’histoire. En effet, c’est ici Arnaud, le veuf à la mémoire altérée, qui se révèle presque le véritable héros de cette histoire. En quête de lui-même, ne sachant plus qui il est réellement, il croisera la route de la délicieuse Stéphanie, belle jeune femme à la jambe artificielle, tandis qu’il se découvrira graduellement des aptitudes inattendues, comme une maîtrise du close combat, savoir comment désarticuler un pistolet en deux temps trois mouvements, manier un fusil de précision Dragunov, ou des relations avec des personnages interlopes. L’intrigue est une nouvelle fois fort bien bâtie, avec une savoureuse résolution, et les pièces du puzzle en viendront à s’emboîter de façon très satisfaisante. Aucun temps mort dans ce roman à suspense mâtiné d’espionnage et d’action, sans pour autant tomber dans les travers hollywoodiens et faciles de ces trois genres, sans compter une belle dose de cocasserie qui jamais ne vient ternir la densité dramatique de l’ouvrage. A titre d’exemple, ces titres de chapitres qui n’engendrent pas la mélancolie : « L’Affaire est dans le lac », « Qui perd le nord va à l’ouest », « A l’est, plein de nouveaux », ou encore ce vingtième chapitre, vide, et intitulé « Ben, il n’y en a pas ! ».

    Une nouvelle réussite de la part de Denis Julin. C’est sobre et adroitement mené, plaisant et distractif : la matière idéale pour un téléfilm de grande qualité.

    /5