Cendres vives

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  • 6/10 … ou comment Jérémie Stalion, reclus dans une résidence sur les hauteurs de Los Angeles avec un luxe de précautions insensées à propos de sa sécurité, se souvient de l’histoire incroyable qui lui est arrivée. Jeune, avec ses parents, il vivait sous la coupe tyrannique, malveillante et halluciné de son frère Jonah, une sorte de double maléfique et à la beauté du diable. De leurs jeux pervers, saturés de peurs, de complotismes et de théories délirantes, naîtra le drame qui régira le reste de l’existence de Jérémie. Cet ouvrage assez court est disponible en téléchargement gratuit et intégral sur le site de l’auteur (mais pour combien de temps ?) dans une rubrique intitulée « Les brouillons inédites ». Autrement dit, factuellement, il s’agit d’un roman jamais publié (et jamais relu par l’éditeur, ce que prouve le nombre de coquilles et de fautes) mais n’en est pas pour autant un ouvrage low-cost, offert au lectorat de l’écrivain parce qu’aucune maison d’édition n’en voulait. On y retrouve l’univers brussolien et ses grands délires (au sens très positif du terme) : aventure, sexe, espionnage, thriller, possible existence des extraterrestres, cabales, espionnage, etc. A cet égard, l’avant-dernier chapitre (juste avant l’épilogue) est un condensé de rebondissements intéressants et surprenants, même pour moi qui suis un bien humble lecteur habitué à la prose du monsieur. Un texte en quatre grandes parties, depuis la genèse de la paranoïa de Jérémie, persuadé d’être poursuivi par son défunt frangin au cours d’une excursion à la recherche de reliques précolombiennes, jusqu’à ce retour à cette maison ébranlée par des catastrophes naturelles et au fin fond de laquelle il finira par trouver l’individu qui le traque. J’avoue que c’est toujours autant halluciné, étonnant (même si on retrouve quelques-uns des leitmotivs littéraires et scénaristiques de Serge Brussolo), avec de belles pépites et des moments de dynamitage impressionnants, au cours desquels il insère des charges lourdes au sein-même de son texte pour surprendre, lézarder tout ce qu’il a entrepris auparavant, dans une forme d’ivresse. Je dois aussi avouer que certaines parties m’ont moins séduit (tout ce qui a trait à la maison de rééducation est sympa mais sans plus, et je reste un peu dubitatif quant à la quatrième partie qui m’a semblé un peu inutile) : j’aurais été littéralement fan si l’écrivain était resté focalisé sur cette étrange relation entre les deux frères, la suspicion, presque irréelle, teintée de mysticisme. Là, j’estime (malgré mon adoration de l’œuvre de Serge Brussolo, intacte) que trop d’éléments ont été délayés, d’autres joutés sans grand impact scénaristique, et que l’ensemble manque un peu de panache dans la partie centrale. En revanche, je ne peux, une fois de plus, que louer son incroyable imagination, débordante, ravageuse, avec toujours cette même hâte de découvrir vers quoi il va nous emmener la prochaine fois.

    05/05/2019 à 16:48 El Marco (3221 votes, 7.2/10 de moyenne) 4