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8/10 Strasbourg, 12 juillet 1518. Une jeune femme, Enneline, se débarrasse de son nouveau-né, après quoi elle est prise d’une frénésie de danse. Peu de temps après, d’autres Strasbourgeois viennent se greffer à ce ballet, sans qu’on ne sache pourquoi, et c’est bientôt deux mille âmes qui sont prises dans cette transe collective. Punition divine ? Influence astrologique ? Réaction face à la présence fantasmée de Turcs dans les parages ? Jean Teulé, d’une façon atypique, peint cet épisode si particulier – et réel – de cet épisode d’hystérie collective, avec sa verve si particulière. J’ai d’abord été surpris par l’emploi de termes très contemporains (« moyen, moyen », « rave party », « dancefloor », etc.) avant de me rendre compte que cela fait partie de l’ADN de sa littérature : ajouter de l’humour – parfois potache – et de mots récents pour un ouvrage qui mêle véracité historique (cf. les documents cités en fin d’ouvrage) et cocasserie pour un cocktail détonnant. Des moments assez croustillants (les dialogues entre l’équivalent du maire et l’archevêque, les errements sexuels autour de cette immense fiesta générale, comment on les a encouragés en les nourrissant et en les hydratant et tous ces atermoiements des autorités autour de cette manifestation incompréhensible, les liens avec la religion, ce qui arrive réellement et finalement à ces convulsionnaires, etc.) pour un livre dont je n’ai pas vu passer les pages. Mon seul bémol, au final, c’est l’absence d’explication – ou de tentative d’explication, même partiale – quant à ce phénomène : je m’attendais, probablement à tort, à cette interprétation qui jamais n’est venue. Mais je renouerai avec plaisir avec d’autres documents de Jean Teulé.
03/12/2020 à 19:42 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne) 3