Paris, Théâtre Charles Victor.
La salle est comble pour cette représentation de Oh les beaux jours. Le public n’en sait encore rien, mais on s’active en coulisse. Et pour cause, la Winnie de la pièce de Samuel Becket, à savoir l’immense comédienne Tessa Saguine, manque à l’appel, elle qui n’a jamais fait faux bond et arrive toujours dans sa loge bien avant les trois coups de bâton. Contrainte d’annuler la représentation, la gérante du théâtre s’avance sur scène pour annoncer la fâcheuse nouvelle. C’est à cet instant que le corps de l’actrice s’écrase sur elle, tombée depuis les cintres.
Suicide ? Assassinat ? D’astreinte au théâtre ce soir-là, le commandant Didaille est le premier à mener l’enquête.
Nouvelle maison d’édition, Le Chant des voyelles, publie depuis quelques mois ses tout premiers romans. Eliane Arav, en revanche, n’est pas une parfaite inconnue. On lui doit quelques romans dont Le Penseur de Vallorbe, paru à la Série Noire en 1994, ainsi que Du viagra dans la vinaigrette chez Baleine. Dramaturge, elle a récemment écrit un essai paru chez Payot : Leur trac au théâtre. Cela ne tient donc en aucun cas du hasard si l’auteur installe son intrigue dans le petit monde du théâtre. Un microcosme avec ses métiers particuliers, ses codes quelque peu sibyllins, ses superstitions d’un autre temps, etc.
Cette plongée dans l'univers – finalement assez méconnu – du théâtre est assurément le point fort de ce roman. On apprend agréablement plein de choses – un glossaire est d’ailleurs proposé en fin d’ouvrage – sans que l’on ait l’impression, parfois désagréable dans certains textes, que l’auteur étale sa science. Pour autant, l’intrigue n’est pas délaissée. Dans la veine du whodunit à l’ancienne, celle-ci est assez classique mais de bonne facture, avec son lot de rebondissements bien sentis. Certains personnages sont bien un peu caricaturaux mais on imagine sans mal qu’il puisse en exister de similaires dans la vraie vie dans le milieu des acteurs et autres professionnels de l’art, au caractère parfois exubérant. A l'instar de Fred Vargas, l’auteur ajoute à cela une petite pointe de surnaturel – le fantôme de Charles Victor, le créateur du théâtre, rôderait dans les couloirs – qui s’insère parfaitement dans le récit.
La langue est très plaisante, truffée de bons mots et de néologismes. On sent qu’Eliane Arav a voulu se faire plaisir tout en séduisant le lecteur. Peut-être en abuse-t-elle même un peu par moments. Les mots de son cru sont nombreux et si certains sont autant de jolies trouvailles, quelques-uns demeurent malheureusement abscons (le problème étant qu’on ne risque pas, le cas échéant, de les trouver dans le dictionnaire).
Un petit bémol : le format de l'ouvrage, tout en longueur, qui n'est pas toujours facile à manipuler.
Joliment écrit et très intéressant, Théâtre au sang est un bon petit roman policier se déroulant pour l’essentiel dans (et autour) d’un grand théâtre parisien. Une agréable découverte.
Paris, Théâtre Charles Victor.
La salle est comble pour cette représentation de Oh les beaux jours. Le public n’en sait encore rien, mais on s’active en coulisse. Et pour cause, la Winnie de la pièce de Samuel Becket, à savoir l’immense comédienne Tessa Saguine, manque à l’appel, elle qui n’a jamais fait faux bond et arrive toujours dans sa loge bien avant les trois coups de bâton. Contrainte d’annuler la représentation, la gérante du théâtre s’avance sur scène pour annoncer la fâcheuse nouvelle. C’est à cet instant que le corps de l’actrice s’écrase sur elle, tombée depuis les cintres.
Suicide ? Assassinat ? D’astreinte au théâtre ce soir-là, le commandant Didaille est le premier à mener l’enquête.
Nouvelle maison d’édition, Le Chant des voyelles, publie depuis quelques mois ses tout premiers romans. Eliane Arav, en revanche, n’est pas une parfaite inconnue. On lui doit quelques romans dont Le Penseur de Vallorbe, paru à la Série Noire en 1994, ainsi que Du viagra dans la vinaigrette chez Baleine. Dramaturge, elle a récemment écrit un essai paru chez Payot : Leur trac au théâtre. Cela ne tient donc en aucun cas du hasard si l’auteur installe son intrigue dans le petit monde du théâtre. Un microcosme avec ses métiers particuliers, ses codes quelque peu sibyllins, ses superstitions d’un autre temps, etc.
Cette plongée dans l'univers – finalement assez méconnu – du théâtre est assurément le point fort de ce roman. On apprend agréablement plein de choses – un glossaire est d’ailleurs proposé en fin d’ouvrage – sans que l’on ait l’impression, parfois désagréable dans certains textes, que l’auteur étale sa science. Pour autant, l’intrigue n’est pas délaissée. Dans la veine du whodunit à l’ancienne, celle-ci est assez classique mais de bonne facture, avec son lot de rebondissements bien sentis. Certains personnages sont bien un peu caricaturaux mais on imagine sans mal qu’il puisse en exister de similaires dans la vraie vie dans le milieu des acteurs et autres professionnels de l’art, au caractère parfois exubérant. A l'instar de Fred Vargas, l’auteur ajoute à cela une petite pointe de surnaturel – le fantôme de Charles Victor, le créateur du théâtre, rôderait dans les couloirs – qui s’insère parfaitement dans le récit.
La langue est très plaisante, truffée de bons mots et de néologismes. On sent qu’Eliane Arav a voulu se faire plaisir tout en séduisant le lecteur. Peut-être en abuse-t-elle même un peu par moments. Les mots de son cru sont nombreux et si certains sont autant de jolies trouvailles, quelques-uns demeurent malheureusement abscons (le problème étant qu’on ne risque pas, le cas échéant, de les trouver dans le dictionnaire).
Un petit bémol : le format de l'ouvrage, tout en longueur, qui n'est pas toujours facile à manipuler.
Joliment écrit et très intéressant, Théâtre au sang est un bon petit roman policier se déroulant pour l’essentiel dans (et autour) d’un grand théâtre parisien. Une agréable découverte.