Docteur Holmes

  1. Docteur Jekyll et… Docteur Holmes

    Côté pile : Herman Webster Mudgett, ou H. H. Holmes, médecin au physique agréable, aux belles paroles, irréprochable. Côté face : l’un des pires tueurs en série américain, jugé coupable et pendu pour vingt-sept crimes, même si certaines hypothèses portent ce nombre à plus de deux cents. Stéphane Bourgoin revient sur ce cas mémorable, permettant au lecteur de comprendre l’ampleur de « l’œuvre » de ce monstre. Psychopathe, mû par l’appât du gain, H. H. Holmes s’est illustré dans diverses escroqueries qui ont attiré l’attention de certains policiers et d’agents d’assurances. Dès son jeune âge, il dérobe « le corps d’un nouveau-né qu’il emporte jusqu’à son logement pour le disséquer à loisir ». Farfelu, persuadé que l’on peut étirer à volonté tout corps humain afin de créer une race de géants, il est également diablement malin, bâtisseur d’une grande et belle demeure qu’il fait aménager selon ses désirs… morbides. Des chausse-trappes, des escaliers dérobés, des pièces en cul-de-sac, des fours crématoires, et un ingénieux système lui permettant de savoir où se trouvent ses proies dans l’habitation. Un esthète du crime, allant presque de lui-même au-devant des ennuis tant il s’est cru intelligent. Pourtant, ce livre documentaire de Stéphane Bourgoin revient avec beaucoup de minutie et force détails sur tout ce que ce tueur a réussi à réaliser avant de se faire prendre. Un ouvrage qui compense sa relative concision (environ cent trente pages) par un luxe de renseignements, dates et lieux qui permettent de saisir l’envergure du personnage. Certes, quelques passages manquent un peu de chair (notamment les deux chapitres sur les interrogatoires) tandis que l’on aurait peut-être apprécié un peu plus de profondeur psychologique pour définitivement cerner cette créature démentielle, mais voilà un livre costaud, professionnel et entraînant, que l’on dévore d’un bout à l’autre. A noter, pour l’anecdote, que ce tueur en série a déjà inspiré au moins deux romans : Le Boucher de Chicago de Robert Bloch et Le Diable dans la ville blanche d’Erik Larson, et qui devrait sous peu apparaître à la télévision sous les traits de Leonardo DiCaprio.

    /5