1793

  1. Natt och Dag : c'est plus le jour que la nuit !

    Stockholm, automne 1793.
    Un vétéran de la récente guerre russo-suédoise, Jean Michael Cardell, encore mal réveillé de sa cuite de la veille, découvre dans le lac de Fatburen un corps. Enfin, ce qu’il en reste : le corps qui flotte n’a plus ni bras ni jambes. Le chef de la police Norlin décide de confier l’enquête à Cecil Winge, un homme de loi brillant dont les jours sont comptés à cause d’une affection pulmonaire. Un semblant d’autopsie permet rapidement de constater que les blessures de la victime non seulement ne sont pas à l’origine de sa mort, mais que les amputations ont été faites proprement, avec toutes les précautions d’usage.

    Premier roman de Niklas Natt och Dag, descendant d’une des plus anciennes familles de la noblesse suédoise, 1793 est présenté par Sonatine comme un « thriller historique ». Sans que cela ne soit tout à fait faux, gageons qu’il conviendra davantage aux amateurs de romans historiques qu’aux aficionados de thrillers purs et durs.
    Bien que certaines parties s’étirent un peu plus que d’autres, le suspense est présent. Mais l’auteur ne nous fait pas véritablement nous attacher à un personnage pour lequel on frissonnerait véritablement. Le cadre – la Suède des années 1790 – est en revanche très bien rendu par l’auteur, qui s’est semble-t-il abondamment documenté. L’action se déroule donc quelques années après la guerre qui a opposé les troupes de Gustav III à l’armée russe de Catherine II et l’année suivant la mort du monarque suédois. La Révolution française est dans toutes les têtes et la monarchie suédoise craint une propagation. Le roman, on l’imagine, ne souffre pas d’approximations tant tous les éléments semblent plus vrais que nature. Niklas Natt och Dag explique en fin d'ouvrage qu'il a même vérifié les noms d'époque de chaque lieu mentionné. En outre, il a fait le choix de faire évoluer de vrais personnages historiques, comme le chef de la police Johan Gustav Norlin, aux cotés de ses propres protagonistes.
    Le roman se découpe en plusieurs parties, inégales en taille comme en intensité. Mettant en scène divers personnages, on ne saurait en dire beaucoup plus sans faire de révélations dommageables pour le plaisir de lecture. L’intrigue, habilement construite, est globalement de qualité bien que certains pourront lui reprocher quelques longueurs. La confrontation finale est en revanche excellente et l’on se rend compte dans les ultimes pages que l’auteur, roublard, en avait encore gardé sous la semelle.

    Efficace et passionnant malgré quelques temps plus faibles, 1793 est un premier roman de très bonne facture, qui rappelle par moments des œuvres telles que Le Parfum ou La Religion, et qui devrait ravir les amateurs de polars historiques.

    /5