Dans la maison

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  • 5/10 Je m'attendais à lire un truc qui fout vraiment la trouille, un vrai slasher book, comme au cinéma, mais malgré ses nombreuses références au genre, Le Roy joue trop la carte de la soirée potache entre amis pour réellement réussir son coup...
    À force de retarder l'échéance, de multiplier les vraies fausses manifestations de l'étrange, il désamorce toute tension dramatique et galvaude ses effets...
    Le final, qui aurait pu rattraper ce sentiment en demi-teinte, souffre d'une exposition abracadabrantesque de la vérité, qui aura éteint mes dernières velléités de bienveillance à l'égard de ce roman...

    25/09/2019 à 14:51 jackbauer (725 votes, 7.2/10 de moyenne) 5

  • 8/10 Une bergerie isolée dans le col de Vence. Huit lycéens décident d’y passer une soirée. Camille, Léa, Marie et Mathilde pour les filles, et Maxime, Quentin, Mehdi et Julien pour les garçons. Des adolescents fermement décidés à se faire peur, par tous les moyens, et à picoler pour que la fête soit plus folle. Et, effectivement, la soirée sera démente. Aux portes de la démence.

    De Philip Le Roy, on a déjà amplement salué ses romans pour les adultes (dont Pour adultes seulement, La dernière arme ou Le neuvième naufragé, et pour les jeunes, Blackzone, Red Code et White Shadow. Voilà qu’il revient chez l’éditeur Rageot pour ce nouvel opus, saturé d’angoisse et de rebondissements. Un ouvrage détonnant, débordant de références à des films d’horreur et autres slashers chers au cœur des jeunes lecteurs auxquels s’adresse en priorité ce roman. L’écriture claque, le style emporte, les dialogues fusent. C’est vif, ardent, dégainé avec la maîtrise que l’on ne pouvait qu’attendre d’un tel maître de la gâchette. Les personnages, bien décrits et justes, malgré quelques clichés toujours inhérents à ce genre littéraire, sentent le vécu, le réel, et le lectorat n’aura aucun mal à se prendre d’empathie pour certains, d’aversion pour d’autres, mais, quoi qu’il en soit, verra dans ces divers protagonistes des êtres d’encre faisant écho à eux-mêmes. Le décor est rapidement planté : le col de Vence, ses décors angoissants, ses forêts propres à susciter le trouble, et ces faits – que les esprits plus cartésiens ou moins fantaisistes qualifieront d’affabulations – relatifs à la présence d’OVNI. Chacun des membres de ce club des huit a déjà en tête, au tout début de ce qui doit être une fête, des subterfuges et des stratégies pour épater ses camarades, leur faire peur, et pouvoir ensuite se payer leurs têtes. Mais, comme on peut s’en douter, le plan alcool – frissons – rigolade va tourner à la nuit blanche. Blanche d’appréhension, de doute, de panique. A la manière d’un R. L. Stine sous amphétamines, Philip Le Roy multiplie les situations anxiogènes, les twists, les retours à la réalité, pour plonger de plus belle vers de nouveaux épisodes d’affolement. Apparitions paranormales, appels à des esprits facétieux, influences du folklore japonais, survenues de personnages inattendus, manifestations extraterrestres : un beau bouquet de fleurs du mal que l’on prend un plaisir presque coupable à effeuiller. Et puis, il y a la révélation finale, l’explication de ce chaos nocturne : forte, efficace et d’autant plus redoutable qu’elle place la globalité du récit sur les rails de la crédibilité.

    Quelque part entre Shining et Dix petits nègres, un thriller de haute volée pour les adolescents comme pour les adultes, qui démontre, s’il en était encore besoin, la maîtrise scénaristique et narrative de Philip Le Roy, capable de faire frissonner avec l’artifice et la maîtrise d’un romancier devenu réalisateur par la force des images qu’il impose dans son ouvrage. Nous avions déjà qualifié Blackzone de « blockbuster littéraire » ; ce livre mérite nettement la même formulation.

    02/08/2019 à 08:46 El Marco (3430 votes, 7.2/10 de moyenne) 3