La Fille-Hérisson

(Suz)

  1. Suz à l'ennemi !

    Suz a dix-neuf ans. Très fine et toute petite, elle en fait beaucoup moins. Après avoir été ballottée de foyer en famille d'accueil, elle vit enfin seule dans son petit appartement. Sans le sou ou presque, elle chaparde dans les magasins. Alertée par la police de la probable libération de son père, emprisonné pour le meurtre de sa mère, Suz décide de se préparer, physiquement et mentalement, à son éventuel retour. Et commence à dealer pour mettre assez d'argent de côté pour acheter une arme. S'il sort, elle ne veut lui laisser aucune chance.

    Suz – c'est le titre original – est donc l'histoire d'une vengeance, méticuleusement préparée. C'est aussi l'histoire d'une gamine trop vite grandie à qui cette chienne de vie n'a pas offert beaucoup de bonheur. Malgré la noirceur de son passé ainsi que celle de ses desseins, Suz garde espoir. Jonas T. Bengtsson nous donne à voir la jeune femme, maladroite avec les autres, avec beaucoup de tendresse et le récit, où l'humour affleure souvent, n'est pas si sombre que le résumé le laisse à penser. Certaines scènes sont assez drôles, comme celle impliquant un chaton que Suz achète pour pouvoir s'entraîner à donner la mort, chose plus compliquée que prévue, surtout s'agissant d'un bébé chat.
    Dans cette banlieue de Copenhague où l'avenir semble être au mieux une vague abstraction pour bien des jeunes, Suz commence à dealer, juste parce que c'est la manière la plus simple de mettre beaucoup d'argent de côté, et vite. Sa petite taille et son visage poupin lui permettent de s'infiltrer incognito dans les établissements scolaires pour le plus grand bonheur de son fournisseur. Pour une fois que son mini-format lui est d'un quelconque secours, elle ne s'en plaint pas.

    Allant à l'essentiel, ce court roman est une vraie réussite malgré son scénario pour le moins concis. On ne voit pas passer les cent soixante-dix pages, très visuelles, qui pourraient sans aucun doute faire de ce texte efficace un bon film.

    /5