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7/10 Clovis Narigou, héros récurrent de Maurice Gouiran ressemble beaucoup à Gabriel Lecouvreur dit "Le Poulpe". Comme le céphalopode, il a des convictions libertaires assez marquées, l'habitude de mener ses propres enquêtes, et une certaine propension à boire de la bière. Dans cet opus nord-irlandais, il va écluser pas mal de Guinness. Ce roman noir dont le fil conducteur suit la recherche des assassins d'un peintre, spécialiste des fresques murales ancien de l'IRA, se lit facilement. L'auteur dresse un portrait des nationalistes irlandais d'Ulster, des luttes fratricides, des branches nouvelles qui apparaissent après l'acceptation du processus de paix, mais surtout de la place des femmes dans l'organisation et dans la société irlandaise en général. Il met donc en évidence pas mal de paradoxes. On veut se libérer de l'occupant britannique, mais on a du mal à remettre en cause le patriarcat défendu par l'église catholique entre autres. Avec ses personnages fouillés, Maurice Gouiran apporte un éclairage intéressant à un aspect méconnu de l'IRA et de l'Irlande en général, à relier avec le sort des filles enfermées dans les couvents des Magdalènes. Natif du Rove près de Marseille dans une famille de bergers, Clovis marche sur les pas de son auteur, ce qui est à l'origine de quelques scènes pagnolesques qui ensoleillent le livre, face à la grisaille humide de Belfast.
12/07/2021 à 09:39 Surcouf (411 votes, 7.3/10 de moyenne) 2