Tohu-Bohu

  1. Copier, coller, transformer, rigoler

    Une vache, une bonne sœur stripteaseuse, un cheval, un tueur à gages, un renard révolutionnaire, des adolescentes nudistes, un éditeur sans scrupules, un frigo (!), un père de famille qui menace de se « casser à Létrangeais », et bien d’autres…
    Autant de personnages qui peuplent ces improbables nouvelles – souvent drôles – signées Jean-Bernard Pouy et Marc Villard.

    Plutôt que de le paraphraser inutilement, laissons l'éditeur nous expliquer le concept de ce sympathique recueil.
    « Jean-Bernard Pouy et Marc Villard ont écrit, chacun de leur côté, six nouvelles ; à charge pour l'autre de « sampler » chaque texte, c'est-à-dire, selon l'humeur, de le poursuivre, d'en donner un autre aperçu, de s'intercaler dans une ellipse, voire d'en contredire une vision ou une stylistique. »
    Si vous ne connaissez pas encore les deux auteurs, ce recueil peut-être l'occasion de découvrir leur travail, tantôt sérieux tantôt farfelu, quand ce n'est pas les deux à la fois. Après Ping-pong (où ils se renvoyaient la balle) et avant Zigzag (où ils slalomaient en parallèle sur les thèmes favoris de l'autre), les voici au meilleur de leur forme.
    Les textes, souvent très courts, sont majoritairement des nouvelles à chute et pour la plupart humoristiques, pour ne pas dire loufoques. Vous admettrez que faire d'un frigo le personnage principal d'une nouvelle policière n'est pas monnaie courante. Malgré les vingt-quatre nouvelles annoncées par l'éditeur, le recueil en compte en vérité vingt-cinq car un texte de Gilles Mangard (autour du jazz), auquel rendent hommage Marc Villard puis Jean-Bernard Pouy, est inclus dans le livre.
    Rivages disait que Zigzag, sorti de leur « atelier de littérature policière expérimentale est un concentré d'humour décapant, de fantaisie, de punch et de science du récit court ». On peut en dire autant pour Tohu-bohu, et si l'on peut se méfier des boniments des éditeurs avec raison, vous pouvez croire Rivages sur ce coup-là.

    Bienvenue dans l'univers décalé de Jean-Bernard Pouy et Marc Villard, qui sont parmi les meilleurs duettistes de la nouvelle noire, affutée et poilante. À déguster au compte-gouttes ou d'une traite, sans modération mais avec le sourire.

    /5