La Voleuse d'enfants – Chorus

  1. Court, noir, sans sucre

    Double noir, édité par l'association Nèfle Noire est un concept brillant imaginé par Claude Mesplède : faire cohabiter dans le même petit ouvrage deux nouvelles noires, l'une contemporaine, l'autre plus ancienne et d'un auteur connu et reconnu, mais pas nécessairement pour des écrits de type policier. Parmi les huit premiers titres de la collection, on croisera ainsi Emile Zola, Guy de Maupassant, Prosper Mérimée ou encore Abraham Lincoln (oui oui, le président américain himself !) auprès d'auteurs comme Marin Ledun, Laurence Biberfeld ou Franck Thilliez.

    Dans ce premier titre, Émile Erckmann et Alexandre Chatrian partagent l'affiche avec Marc Villard. Alors étudiant en droit pour le premier et surveillant de collège pour le second, les deux hommes unissent vite leur passion pour la littérature pour devenir sous le nom d'Erckmann-Chatrian l'une des références du roman-feuilleton dans la seconde moitié du XIXe siècle. Cette nouvelle très sombre, La voleuse d'enfants a été initialement publiée en 1866 chez Hetzel dans un recueil intitulé Contes du bord du Rhin. La malheureuse Christine y erre dans les rues de Mayence à la recherche de sa petite Deubche, disparue subitement. Rapidement, une dizaine d'enfants disparaissent de la même façon, à la tombée de la nuit, plongeant la ville dans la psychose. Écrite il y a plus de cent-cinquante ans, cette nouvelle efficace n'a rien à envier à des textes plus récents.
    Le texte des deux hommes est associé à une nouvelle très musicale de Marc Villard que l'on sait fondu de jazz. Chorus met en scène Sam Carter, trompettiste au KoKo, dont le penchant pour la bonne poudre va lui attirer des ennuis qui vont bouleverser sa vie. Aussi dure que sa musique est suave, la destinée du pauvre jazzman ne laisse pas indifférent.

    Très chouette idée que celle qu'a eue Claude Mesplède de faire vivre ensemble deux textes que rien ne prédestinait à se retrouver dans le même volume. Comme un beau pied-de-nez à ceux qui veulent enfermer la littérature dans des cases préétablies.
    L'objet est tout petit (format A6) mais très esthétique, avec sa couverture travaillée en papier glacé, et ne coûte que 2€. A ce prix-là, on aurait tort de s'en priver – les différents titres, difficilement trouvables en librairie, sont à commander sur le site dédié à la collection Double Noir.

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