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8/10 Un corps est découvert tout en haut d’une tour d’Edimbourg. L’homme a été abattu d’une balle en pleine tête et se trouve là depuis fort longtemps. La policière Karen Pirie et son équipe enquêtent tandis que d’autres individus en viennent à s’intéresser à cette affaire, dont les membres du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et une enseignante en géographie. Une histoire qui pourrait remonter jusqu’aux anciens conflits armés dans les Balkans.
Ecrivaine connue et reconnue, Val McDermid signe ici un roman fort et noir, aussi tourmenté que ne le furent les guerres de Yougoslavie. Le livre commence d’ailleurs rapidement, avec la découverte du cadavre par des ouvriers, et s’achève avec une scène poignante, qui n’a besoin que de quelques mots pour secouer et émouvoir. On découvre donc l’enquêtrice Karen Pirie, solide et obstinée, confrontée aux divers drames de la société écossaise, et dont le métier de policière et les horreurs auxquelles elle est confrontée ne cessent de la tourmenter. On suit également l’investigation menée par les membres du TPIY qui, même s’ils croient encore à leur juste et légale croisade contre les criminels de guerre, sont jetés aux basques d’un tueur dont on compte déjà onze victimes chez d’anciens bourreaux serbes, et ce pas uniquement pour de nobles raisons : un de leurs supérieurs soupçonne la présence d’une taupe vengeresse dans ses services. Val McDermid, en routière aguerrie du roman policier, emmène le lecteur au bout des quelque cinq cents pages de cet ouvrage solide et étayé, où les forces de police résolvent des problèmes de manière posée, crédible et cartésienne, en épluchant les indices, visionnant les films enregistrés par des caméras de surveillance, et recoupant des renseignements prometteurs. Dans le même temps, l’ignominie des crimes commis révulse : sans jamais tomber dans le voyeurisme ou la surenchère sanglante, l’auteure sait poser, avec des termes justes et néanmoins effrayants, l’horreur des combats, principalement lorsque les victimes sont de simples civils, dont des femmes et des enfants. Et il faudra à Karen déployer des trésors de persévérance et d’humanité pour comprendre les racines du mal, suite à un massacre ayant eu lieu dans le petit village de Podruvec.
Même si l’identité du tueur ne surprendra guère, il n’en reste pas moins que ce roman se montre vraiment bon en raison de sa maîtrise, et presque nécessaire par le sujet qu’il aborde et décrit.17/06/2019 à 19:45 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne) 2