Quatorze

  1. Derniers de cordée

    Ils sont treize. Ils ont peu de points communs, si ce n'est celui de vouloir défier la montagne. Encore et toujours pour certains. Pour la toute première fois pour d'autres. Ils viennent de France, du Chili, du Canada ou encore de Pologne. Certains se sont préparés comme des professionnels. D'autres bien plus légèrement. En tout cas, aucun d'entre eux ne s'attendait à ça.

    Né en 1989, Aymeric Vinot est un novice dans le monde de la littérature mais pas dans celui de l'alpinisme. Il a plusieurs sommets à son actif dont le Cho Oyu, le sixième plus haut du monde, qui culmine à plus de 8200 m.
    Son premier roman a l'originalité de s'ouvrir après le drame, une fois que tout est fini pour ainsi dire. Un alpiniste retrouve miraculeusement une GoPro qui, à l'instar d'une boîte noire lors d'un crash aérien, va nous permettre de comprendre peu à peu ce qui s'est joué alors.
    Les descriptions des hauts plateaux du Tibet dépayseront assurément les lecteurs tant ces paysages sont rarement mis à l'honneur, dans les littératures policières comme ailleurs. L'auteur, en alpiniste aguerri, parvient aisément à nous faire partager son amour de la montagne sans nous assommer de détails techniques pour autant, ce qui aurait assurément pu être un écueil.
    Avec son entame atypique, Aymeric Vinot parvient à accrocher immédiatement son lecteur. Les personnages sont plus ou moins attachants et brossés avec plus ou moins de tact, certains frisant tout de même la caricature. Peut-être y en avait-il un peu trop pour s'attarder sur la psychologie de chacun sans alourdir le récit ? Ayant visiblement fait le choix de ne pas trop s'étendre – le roman dépasse tout juste les deux cent pages –, l'auteur gagne en efficacité mais ne s'interdit pas pour autant de traiter de sujets jusqu'alors rarement abordés, à l'instar des tensions politiques entre la Chine et son voisin tibétain. Tout au plus pourra-t-on lui reprocher d'avoir intégré trop d'éléments à son récit, on pense à la panoplie complète des accidents de haute montagne, par exemple.

    Sans atteindre un sommet du genre, cet honnête thriller montagnard vaut le détour, ne serait-ce que pour ses décors majestueux et l'adrénaline qui habite chacun de ces alpinistes en quête des plus hauts points du monde. Pour ceux qui se poseraient la question, le Quatorze du titre fait référence au nombre de sommets à plus de 8000 m.
    À signaler qu'il s'agit du premier titre de la collection Mont-Blanc Noir, qui verra d'autres auteurs comme Yves Ballu ou Matt Dickinson allier polar et montagne.

    /5