Le Parisien

  1. La meilleure défense de Narval, c'est l'attaque

    Narval a connu un certain nombre de conflits au sein de l'armée française. Jusqu'à ce que la guerre l'use de trop et qu'on décide qu'il était désormais inapte à la profession de soldat. Qu'à cela ne tienne, ne sachant pas trop quoi faire d'autre, voilà Narval vite reconverti dans la sécurité et, de fil en aiguille, dans des opérations interlopes où son expérience du terrain est grandement appréciée.
    Dépêché de la capitale à Marseille pour une opération spéciale, il découvre qu'il s'est fait piéger en beauté. Un caïd de la drogue est retrouvé abattu dans sa chambre d'hôtel. Pour sauver sa tête, Narval est bien décidé à trouver qui a voulu lui faire porter le chapeau.

    Connue pour ses auteurs de polar sudaméricains et ibériques, Asphalte publie un polar français pour la première fois. Tout comme Jean-François Paillard, à qui on devait jusqu'alors une œuvre hétéroclite (roman, essai, théâtre, poésie), essentiellement au Rouergue.
    Dès l'exergue, l'auteur cite Jean-Patrick Manchette. Les références au père du néopolar sont par la suite – très – appuyées. Un personnage est nommé Terrier (comme le tueur à gages dans La Position du tireur couché) puis peu après, un autre... Manchette ! Ça a le mérite d'être clair.
    L'héritage du néopolar est présent, forcément, et le style de l'auteur rappelle aussi, plus proches de nous, des auteurs de la Série Noire dépoussiérée par Aurélien Masson comme DOA ou Antoine Chainas. Le Parisien est très réaliste et les scènes d'action, qui ne manquent pas, sont sèchement décrites, de même que les personnages. D'un autre côté, comme dans Une histoire d'amour radioactive ou autres Pukhtu Primo, les caractéristiques d'une arme ou d'un bolide peuvent parfois être détaillées avec une grande rigueur, ce qui déroutera peut-être les lecteurs qui se contentent que le pistolet tire et que la voiture roule.
    Le personnage de Narval, plutôt froid, ne parvient pas à être totalement antipathique, de par ses fêlures notamment (ses différentes guerres, son stress post-traumatique, son suivi psychologique...), à l'instar du Lynx découvert dans Citoyens clandestins. Deux noms d'animaux sauvages pour deux mercenaires des plus efficaces, tiens tiens !
    L'intrigue est assez sommaire mais Jean-François Paillard, tout comme Narval, fait très bien son boulot, et plus d'un lecteur sera dérouté par la tournure que prendront finalement les événements.

    Efficace dans son genre, Le Parisien laissera sans doute certains lecteurs de polars de marbre mais devrait ravir les amateurs d'histoires de mercenaires et de règlements de compte dans le milieu du grand banditisme ainsi que les aficionados de DOA et consorts.

    /5