Une famille présentant tous les atours du bonheur et de la joie de vivre, mais tout d’un coup, le père sombre dans la folie et abat ses enfants et sa femme avant de se suicider. Parce que c’est sa spécialité et qu’il a du mal à croire à un tel scénario, Lauri Kivi, journaliste au Suomen Sanomat, va mener l’enquête et progressivement découvrir qu’un tueur en série pourrait bien être le responsable de cette tuerie… comme de tant d’autres auparavant.
Et dire que ce roman de Simo Hiltunen n’est que son premier. Dès l’entame de l’ouvrage, on comprend rapidement et sans mal que l’auteur domine son sujet avec un brio rare. L’écriture est remarquable, forte d’humanité, recherchée, aiguisée jusque dans ses dialogues, et c’est ainsi avec plaisir que l’on se laisse prendre par ces mots. L’intrigue est également habilement imaginée et charpentée, avec de multiples rebondissements jusque dans les ultimes pages, où Lauri sera tour à tour un enquêteur tenace puis une proie de la police avant d’affronter le monstre dans un huis clos anxiogène. Mais ce qui retient le plus l’attention dans ce livre, c’est l’accent que Simo Hiltunen a porté sur ses personnages. Des individus fracassés, maltraités, autrefois victimes et reproduisant le schéma de la violence sur les générations suivantes pour se commuer en bourreaux. A cet égard, notre reporter est révélateur de la vision assez sombre de l’écrivain. Il a été victime d’un père particulièrement barbare, lui-même souffre-douleur de son propre paternel, et battu comme plâtre avec des couvercles de cuisine au point de l’avoir rendu en partie sourd et de devoir porter une prothèse auditive. Il a eu une fille mais s’est montré si débordant de rage et de mauvais comportements qu’il a abandonné sa compagne et son enfant, sans jamais plus s’en occuper, laissant cette dernière, Aava, grandir loin de lui jusqu’à devenir une star de la pop finlandaise. Quant à son frère, Tuomas, il a quitté le foyer familial et a disparu dans la nature. Des portraits éclatés pour des existences fracturées, dupliquant la violence dont ces personnages ont été les cibles sur leurs proches ou rejetons, avant, parfois, ou trop peu souvent, un éclair de lucidité et l’abandon des armes. Si cet opus est un pur régal littéraire, on pourrait lui reprocher quelques menues langueurs voire lenteurs dans les épisodes retraçant le passé des protagonistes, ainsi qu’un final un peu trop hollywoodien dans la forme.
Une représentation singulièrement ténébreuse de notre société, où les êtres vulnérables risquent de devenir, à leur tour, des loups et des tortionnaires, même si Simo Hiltunen apporte une touche d’espoir dans les dernières pages de ce roman, glacé et glaçant, et remarquable de maîtrise.
Une famille présentant tous les atours du bonheur et de la joie de vivre, mais tout d’un coup, le père sombre dans la folie et abat ses enfants et sa femme avant de se suicider. Parce que c’est sa spécialité et qu’il a du mal à croire à un tel scénario, Lauri Kivi, journaliste au Suomen Sanomat, va mener l’enquête et progressivement découvrir qu’un tueur en série pourrait bien être le responsable de cette tuerie… comme de tant d’autres auparavant.
Et dire que ce roman de Simo Hiltunen n’est que son premier. Dès l’entame de l’ouvrage, on comprend rapidement et sans mal que l’auteur domine son sujet avec un brio rare. L’écriture est remarquable, forte d’humanité, recherchée, aiguisée jusque dans ses dialogues, et c’est ainsi avec plaisir que l’on se laisse prendre par ces mots. L’intrigue est également habilement imaginée et charpentée, avec de multiples rebondissements jusque dans les ultimes pages, où Lauri sera tour à tour un enquêteur tenace puis une proie de la police avant d’affronter le monstre dans un huis clos anxiogène. Mais ce qui retient le plus l’attention dans ce livre, c’est l’accent que Simo Hiltunen a porté sur ses personnages. Des individus fracassés, maltraités, autrefois victimes et reproduisant le schéma de la violence sur les générations suivantes pour se commuer en bourreaux. A cet égard, notre reporter est révélateur de la vision assez sombre de l’écrivain. Il a été victime d’un père particulièrement barbare, lui-même souffre-douleur de son propre paternel, et battu comme plâtre avec des couvercles de cuisine au point de l’avoir rendu en partie sourd et de devoir porter une prothèse auditive. Il a eu une fille mais s’est montré si débordant de rage et de mauvais comportements qu’il a abandonné sa compagne et son enfant, sans jamais plus s’en occuper, laissant cette dernière, Aava, grandir loin de lui jusqu’à devenir une star de la pop finlandaise. Quant à son frère, Tuomas, il a quitté le foyer familial et a disparu dans la nature. Des portraits éclatés pour des existences fracturées, dupliquant la violence dont ces personnages ont été les cibles sur leurs proches ou rejetons, avant, parfois, ou trop peu souvent, un éclair de lucidité et l’abandon des armes. Si cet opus est un pur régal littéraire, on pourrait lui reprocher quelques menues langueurs voire lenteurs dans les épisodes retraçant le passé des protagonistes, ainsi qu’un final un peu trop hollywoodien dans la forme.
Une représentation singulièrement ténébreuse de notre société, où les êtres vulnérables risquent de devenir, à leur tour, des loups et des tortionnaires, même si Simo Hiltunen apporte une touche d’espoir dans les dernières pages de ce roman, glacé et glaçant, et remarquable de maîtrise.