Caroff vit dans une caravane avec sa femme et sa fille. Depuis le drame, la petite famille est restée unie mais doit vivre de peu et subir le regard mauvais des gens. Même ceux qui les connaissaient bien les fuient désormais comme la peste. L'erreur de Caroff : avoir conduit l'un de ses jeunes matelots à la mort, autant par malchance que par négligence. Depuis, l'ex patron-pêcheur erre à terre, désœuvré et s'en voulant énormément. Lorsqu'on lui propose une bien curieuse façon – pas vraiment honnête il faut dire – de reprendre le large, il accepte. Pour faire vivre les siens plus décemment.
Jos Brieuc a vu sa femme partir. Il a eu du mal à ne pas sombrer mais ça y est, il reprend le dessus et consacre toute son énergie à un nouveau projet. Il lance son entreprise de taxi maritime : amener des particuliers de port en port.
Rade amère est le premier roman de Ronan Gouézec dont l'éditeur nous dit sobrement qu'il est finistérien et pratique le vagabondage côtier et littéraire, ce qui n'aurait pas été trop difficile à deviner tant il excelle à donner à voir sa région et le monde maritime. S'il n'est pas marin, l'auteur s'est a minima bien documenté, notamment au niveau des termes usités, sans que les passages se déroulant sur l'eau soit trop obscurs pour le béotien pour autant. Certains passages sont magnifiquement écrits, notamment la virée de Jos et de René, un ancien dont les jours sont comptés en raison d'un cancer, sur l'île de Sein.
On suit alternativement Caroff et Jos, avec autant d'intérêt bien que l'aspect « criminel » concerne uniquement le premier, et il n'est pas très sorcier d'imaginer que leurs destinées vont être amenées à s'entrechoquer à un moment donné.
La relation entre Caroff et les deux jeunes lascars que le commanditaire lui met dans les pattes, autant pour l'aider que pour le surveiller est intéressante, surtout dans son évolution. Ronan Gouézec utilise tout d'abord certains clichés, seulement pour mieux les mettre à mal ensuite. Le lien vite affectueux puis quasi filial entre Jos et René est émouvant et joliment donné à voir. La combine illégale et maritime à laquelle participe Caroff – et dont nous ne dirons rien de plus ici – est aussi simple que retorse, à tel point qu'on se demande si elle a déjà été véritablement mise en pratique ou si l'auteur l'a inventée pour les besoins du roman... au risque de donner des idées ?
Le suspense n'est pas le maître-mot de ce joli roman noir mais la tension est néanmoins présente et Ronan Gouézec nous offre quelques rebondissements amenant rapidement le lecteur vers un final inévitable et détonant. Un premier roman réussi et loin d'être bateau qui donne envie d'en lire d'autres.
Caroff vit dans une caravane avec sa femme et sa fille. Depuis le drame, la petite famille est restée unie mais doit vivre de peu et subir le regard mauvais des gens. Même ceux qui les connaissaient bien les fuient désormais comme la peste. L'erreur de Caroff : avoir conduit l'un de ses jeunes matelots à la mort, autant par malchance que par négligence. Depuis, l'ex patron-pêcheur erre à terre, désœuvré et s'en voulant énormément. Lorsqu'on lui propose une bien curieuse façon – pas vraiment honnête il faut dire – de reprendre le large, il accepte. Pour faire vivre les siens plus décemment.
Jos Brieuc a vu sa femme partir. Il a eu du mal à ne pas sombrer mais ça y est, il reprend le dessus et consacre toute son énergie à un nouveau projet. Il lance son entreprise de taxi maritime : amener des particuliers de port en port.
Rade amère est le premier roman de Ronan Gouézec dont l'éditeur nous dit sobrement qu'il est finistérien et pratique le vagabondage côtier et littéraire, ce qui n'aurait pas été trop difficile à deviner tant il excelle à donner à voir sa région et le monde maritime. S'il n'est pas marin, l'auteur s'est a minima bien documenté, notamment au niveau des termes usités, sans que les passages se déroulant sur l'eau soit trop obscurs pour le béotien pour autant. Certains passages sont magnifiquement écrits, notamment la virée de Jos et de René, un ancien dont les jours sont comptés en raison d'un cancer, sur l'île de Sein.
On suit alternativement Caroff et Jos, avec autant d'intérêt bien que l'aspect « criminel » concerne uniquement le premier, et il n'est pas très sorcier d'imaginer que leurs destinées vont être amenées à s'entrechoquer à un moment donné.
La relation entre Caroff et les deux jeunes lascars que le commanditaire lui met dans les pattes, autant pour l'aider que pour le surveiller est intéressante, surtout dans son évolution. Ronan Gouézec utilise tout d'abord certains clichés, seulement pour mieux les mettre à mal ensuite. Le lien vite affectueux puis quasi filial entre Jos et René est émouvant et joliment donné à voir. La combine illégale et maritime à laquelle participe Caroff – et dont nous ne dirons rien de plus ici – est aussi simple que retorse, à tel point qu'on se demande si elle a déjà été véritablement mise en pratique ou si l'auteur l'a inventée pour les besoins du roman... au risque de donner des idées ?
Le suspense n'est pas le maître-mot de ce joli roman noir mais la tension est néanmoins présente et Ronan Gouézec nous offre quelques rebondissements amenant rapidement le lecteur vers un final inévitable et détonant. Un premier roman réussi et loin d'être bateau qui donne envie d'en lire d'autres.