Moose-Lookit, une petite île au large du Maine. Il y a vingt-cinq ans, un inconnu a été retrouvé mort sur la plage. Peu d’indices, au point que ce cas est demeuré lettre morte. Mais aujourd’hui, les deux journalistes qui avaient enquêté en parlent à une jeune collègue, Stephanie McCann. Une plongée dans le passé autant que dans une véritable mer de mystères.
Stephen King, l’un des plus grands romanciers de tous les temps, signait en 2005 ce roman atypique, qui rompt particulièrement avec le reste de sa bibliographie. Un ouvrage purement policier, qui emprunte beaucoup à Graham Greene, Dashiell Hammett et Dan James Marlowe auquel le livre est d’ailleurs dédié. Une ambiance de pur polar, très procédural, où les indices sont exploités à fond, les pistes creusées, les hypothèses bâties sur des éléments concrets. Un décryptage de longue haleine, plausible et réaliste, grâce aux témoignages conjoints des deux reporters, fort âgés au moment de cette confession, à savoir Dave Bowie et Vince Teague. Des personnes bien abimées par le temps, mais qui n’ont rien perdu de leur verve, de leur espièglerie, et dont la mémoire demeure intacte quant aux tenants et aboutissants de leur ancienne investigation. Les moindres détails sont alors réétudiés et explicités auprès de leur si jeune confrère, Stephanie : l’identité de la victime, son emploi du temps, les vêtements de la victime, et les raisons pour lesquelles il a filé à toute allure du Colorado au Maine. Sans compter ces éléments anodins mais qui pourraient fort bien permettre de tout comprendre, comme ce morceau de steak resté dans sa gorge, sa position étrange contre la poubelle de la plage, ce paquet de cigarette ou cette pièce de monnaie russe. Indéniablement, Stephen King a quitté sa zone de confort pour fouler les terres du roman policier, et l’on ne peut que louer cet exercice. Et c’est surtout la fin qui risque de désarçonner le lectorat. Comme il l’explique dans sa postface, cet aspect ouvert, irrésolu, sans aucune conclusion affirmée, va décevoir, voire léser bien des attentes Mais il explique, avec l’habilité qu’on lui connaît, que c’est moins la résolution qui l’intéressait que la restitution pointilleuse de ces multiples énigmes qui constituait tout l’enjeu de cet ouvrage. D’ailleurs, on s’attend à cet épilogue nébuleux, puisque le duo de journalistes explique à Stephanie qu’une bonne histoire journalistique a nécessairement un début, un milieu et une fin, et que c’est justement l’absence de cette fin établie qui a empêché la parution d’un article digne de ce nom. Chaque lecteur aura donc le loisir de construire sa propre résolution, lors de ce dénouement qui n’en est assurément pas un, mais plutôt une sorte de transmission littéraire de témoin, où c’est alors à chacun de devenir acteur de cette histoire.
Moose-Lookit, une petite île au large du Maine. Il y a vingt-cinq ans, un inconnu a été retrouvé mort sur la plage. Peu d’indices, au point que ce cas est demeuré lettre morte. Mais aujourd’hui, les deux journalistes qui avaient enquêté en parlent à une jeune collègue, Stephanie McCann. Une plongée dans le passé autant que dans une véritable mer de mystères.
Stephen King, l’un des plus grands romanciers de tous les temps, signait en 2005 ce roman atypique, qui rompt particulièrement avec le reste de sa bibliographie. Un ouvrage purement policier, qui emprunte beaucoup à Graham Greene, Dashiell Hammett et Dan James Marlowe auquel le livre est d’ailleurs dédié. Une ambiance de pur polar, très procédural, où les indices sont exploités à fond, les pistes creusées, les hypothèses bâties sur des éléments concrets. Un décryptage de longue haleine, plausible et réaliste, grâce aux témoignages conjoints des deux reporters, fort âgés au moment de cette confession, à savoir Dave Bowie et Vince Teague. Des personnes bien abimées par le temps, mais qui n’ont rien perdu de leur verve, de leur espièglerie, et dont la mémoire demeure intacte quant aux tenants et aboutissants de leur ancienne investigation. Les moindres détails sont alors réétudiés et explicités auprès de leur si jeune confrère, Stephanie : l’identité de la victime, son emploi du temps, les vêtements de la victime, et les raisons pour lesquelles il a filé à toute allure du Colorado au Maine. Sans compter ces éléments anodins mais qui pourraient fort bien permettre de tout comprendre, comme ce morceau de steak resté dans sa gorge, sa position étrange contre la poubelle de la plage, ce paquet de cigarette ou cette pièce de monnaie russe. Indéniablement, Stephen King a quitté sa zone de confort pour fouler les terres du roman policier, et l’on ne peut que louer cet exercice. Et c’est surtout la fin qui risque de désarçonner le lectorat. Comme il l’explique dans sa postface, cet aspect ouvert, irrésolu, sans aucune conclusion affirmée, va décevoir, voire léser bien des attentes Mais il explique, avec l’habilité qu’on lui connaît, que c’est moins la résolution qui l’intéressait que la restitution pointilleuse de ces multiples énigmes qui constituait tout l’enjeu de cet ouvrage. D’ailleurs, on s’attend à cet épilogue nébuleux, puisque le duo de journalistes explique à Stephanie qu’une bonne histoire journalistique a nécessairement un début, un milieu et une fin, et que c’est justement l’absence de cette fin établie qui a empêché la parution d’un article digne de ce nom. Chaque lecteur aura donc le loisir de construire sa propre résolution, lors de ce dénouement qui n’en est assurément pas un, mais plutôt une sorte de transmission littéraire de témoin, où c’est alors à chacun de devenir acteur de cette histoire.