Plus jamais seul

  1. Au nom de Marco

    Un beau jour, McCash reçoit une lettre d'une de ses nombreuses ex, qui était pour ainsi dire sortie de sa mémoire. Carole, atteinte d'un cancer en phase terminale, lui confie la garde de sa fille, ou plutôt de leur fille, dont il ignorait jusque-là l'existence-même. Lui, l'ours mal léché qui ne sait pas trop y faire avec les autres, se retrouve à cohabiter avec une ado de douze ans. Il décide de lui offrir des vacances "au bout du monde", en baie d'Audierne.
    C'est là, au fin fond du Finistère, qu'il apprend la disparition de son ami Marco, dont l'embarcation de plaisance a semble-t-il été éventrée par un cargo qui ne lui a laissé aucune chance. Passé le moment de stupeur, McCash a du mal à y croire, son pote étant aussi bon navigateur qu'avocat. Il trouve cette version officielle pour le moins curieuse et décide d'en avoir le cœur net.

    On ne présente plus Caryl Férey, auteur de nombreux romans noirs à succès, souvent récompensés (Utu, Mapuche...) ou parfois adaptés au cinéma, à l'instar de Zulu. Les inconditionnels de l'auteur auront déjà croisé McCash, plus jeune, dans La Jambe gauche de Joe Strummer (2007).
    Le borgne d'origine nord-irlandaise est donc de retour, et c'est un personnage toujours aussi attachiant : rock 'n roll, libertaire, généreux, mais aussi tête-de-mule et dur-à-cuire. « Un tendre au cœur dur », ou l'inverse, on ne sait plus trop, aussi impitoyable avec ceux qui lui cherchent des noises que papa poule avec Alice, cette étrange créature qu'il n'a d'autre choix que d'apprendre à connaître.
    Sans trop dévoiler l'histoire, disons que forcément, la mort de Marco était effectivement plus suspecte qu'elle n'en avait l'air, et qu'elle va amener McCash à devoir bourlinguer à son tour pour y voir plus clair.
    Sans être exceptionnelle d'originalité, l'intrigue est intéressante et permet à l'auteur de nous confronter à des problématiques actuelles telles que la migration et la traite des êtres humains, et notamment des femmes. Certains trouveront sans doute quelques développements un peu too much, mais l'ensemble se lit très agréablement.

    Plus jamais seul permet de passer un bon moment de lecture en compagnie d'un personnage pas piqué des hannetons, qui tient le livre debout quasiment à lui seul. Tout au long de ces trois cents pages qu'on ne voit pas défiler : enquête, castagne, humour, réflexions sur le monde actuel, sans oublier la délicate découverte de la paternité. Tout un programme !

    /5