Traces

  1. La terreur d'une mère de famille

    Elvire Valero voit sa vie basculer quand son mari, Lorenz, tue leur fillette en pleine campagne toscane. Elle est désormais seule avec leurs deux enfants, Angel et Alex, des jumeaux aux caractères bien distincts. Mais Elvire sent désormais la présence de son assassin de mari près de la maison familiale, telle une bête aux aguets. Dans le même temps, la journaliste Cynthia Grubner se met en tête de rassembler les preuves de la culpabilité de Lorenz pour une dizaine d'autres meurtres. Alors que l'ombre du prédateur se fait de plus en plus insistante, il n'y a pas d'autres moyens de contrer ce monstre que d'essayer de comprendre comment il a pu en arriver à un tel stade de démence, quitte à mettre à jour des secrets de famille bien ignobles, et quitte à faire imploser les traditionnels repères du Bien et du Mal.

    Il est assez difficile de présenter l'intrigue de ce roman tant sa construction est complexe. Bien différente des habituelles enquêtes sur les tueurs en série et leurs motivations profondes, François Boulay a bâti ce livre selon une structure endiablée, entremêlant passé et présent, se jouant de la ponctuation, offrant quelques moments d'humour à froid dévastateurs et un récit aux allures chaotiques alors qu'il est en fait habilement charpenté. Sans scènes d'action, le roman s'illustre par sa noirceur totale et l'immersion proposée au lecteur, une redoutable plongée dans l'esprit d'un meurtrier implacable et calculateur issu de la chrysalide de son enfance et de ses atavismes. Par ailleurs, tous les personnages sont particulièrement saisissants de réalisme, tourmentés et malmenés par leurs angoisses. L'opus réserve des passages bien sentis sur les thèmes de l'enfance, de la religion et de la famille, avec cette plume à la fois élégante et terrifiante de François Boulay, ainsi que des rebondissements efficaces et une fin à tiroirs multiples très prenante.

    Traces est donc un excellent ouvrage, original et angoissant, même si le récit de prime abord confus risque de déstabiliser. Il a ainsi obtenu en 2007 un bien mérité Prix Quais du Polar et sa lecture ne pourra que donner envie de lire ses autres livres, parmi lesquels Les morceaux.

    /5