Ce roman commence en avril 1975. Le tumulte règne à Saïgon et nombre d’Américains décident de fuir le Vietnam tant qu’il est encore temps. Chacun veut sauver ses proches mais aussi des Sud-vietnamiens en bons termes avec la famille. Seulement, les places à bord des avions coûtent cher et il faut faire des choix cruels. Une foule de candidats au départ s’amasse à l’aéroport mais l’attente est interminable et l’issue incertaine. Le narrateur, – un Capitaine dont on ne saura jamais le nom – parvient à décoller in extremis avec le Général et sa famille. Ce que ceux-ci ignorent, c’est qu’ils ont embarqué avec eux un agent double à la solde des communistes.
Le Sympathisant a reçu entre autres prix le Pulitzer et l’Edgar Award du meilleur premier roman. Courant sur plus de cinq cents pages, cet opus est passionnant bien que certains aspects puissent ne pas totalement convaincre les amateurs de polar. Viet Thanh Nguyen accorde ainsi beaucoup de place aux bluettes de l’agent. Aussi bien à la relation libre qu’il entretient avec une quadragénaire de Los Angeles d’origine japonaise qu’à son admiration béate pour la fille du général, magnifique jeune femme souhaitant se lancer dans la chanson. Si le roman comporte bien quelques longueurs, l’auteur fait alterner habilement moments de tension et de réflexion, parfois très intéressants. Les questionnements du Capitaine quant à son identité sont très pertinents, lui qui est né d’un père français et d’une mère vietnamienne. Communiste ayant étudié aux États-Unis où il vit désormais mais continuant à communiquer par messages codés avec les forces Vietcongs, tiraillé par ses origines et quelque part rejeté par les deux camps, il peine à trouver sa place et à s’accepter lui-même. L’exil vietnamien à L.A., qui compte alors une véritable diaspora d’Asie du sud-est, est également l’un des sujets du livre, qui n’en demeure pas moins un efficace roman d’espionnage, le narrateur devant parfois se salir les mains pour ne pas se faire démasquer.
Le temps d’une large parenthèse, l’agent se retrouve consultant pour un film hollywoodien à gros budget, et les cinéphiles reconnaîtront sans doute, même si certains éléments ont été modifiés, le tournage dantesque d’Apocalypse Now aux Philippines. Ce que viennent d’ailleurs confirmer les nombreuses lectures de Viet Thanh Nguyen qu’il mentionne dans une impressionnante bibliographie prouvant à quel point il s’est documenté pour faire tenir debout ce roman-fleuve et sans doute irréprochable d’un point de vue historique.
Très intéressant et impressionnant à bien des égards, surtout s’agissant d’un premier roman, il manque à ce Sympathisant un petit quelque chose pour en faire une lecture durablement marquante. Peut-être parce qu’on peine à s’attacher à ce personnage, finalement assez lisse malgré sa dualité.
Ce roman commence en avril 1975. Le tumulte règne à Saïgon et nombre d’Américains décident de fuir le Vietnam tant qu’il est encore temps. Chacun veut sauver ses proches mais aussi des Sud-vietnamiens en bons termes avec la famille. Seulement, les places à bord des avions coûtent cher et il faut faire des choix cruels. Une foule de candidats au départ s’amasse à l’aéroport mais l’attente est interminable et l’issue incertaine. Le narrateur, – un Capitaine dont on ne saura jamais le nom – parvient à décoller in extremis avec le Général et sa famille. Ce que ceux-ci ignorent, c’est qu’ils ont embarqué avec eux un agent double à la solde des communistes.
Le Sympathisant a reçu entre autres prix le Pulitzer et l’Edgar Award du meilleur premier roman. Courant sur plus de cinq cents pages, cet opus est passionnant bien que certains aspects puissent ne pas totalement convaincre les amateurs de polar. Viet Thanh Nguyen accorde ainsi beaucoup de place aux bluettes de l’agent. Aussi bien à la relation libre qu’il entretient avec une quadragénaire de Los Angeles d’origine japonaise qu’à son admiration béate pour la fille du général, magnifique jeune femme souhaitant se lancer dans la chanson. Si le roman comporte bien quelques longueurs, l’auteur fait alterner habilement moments de tension et de réflexion, parfois très intéressants. Les questionnements du Capitaine quant à son identité sont très pertinents, lui qui est né d’un père français et d’une mère vietnamienne. Communiste ayant étudié aux États-Unis où il vit désormais mais continuant à communiquer par messages codés avec les forces Vietcongs, tiraillé par ses origines et quelque part rejeté par les deux camps, il peine à trouver sa place et à s’accepter lui-même. L’exil vietnamien à L.A., qui compte alors une véritable diaspora d’Asie du sud-est, est également l’un des sujets du livre, qui n’en demeure pas moins un efficace roman d’espionnage, le narrateur devant parfois se salir les mains pour ne pas se faire démasquer.
Le temps d’une large parenthèse, l’agent se retrouve consultant pour un film hollywoodien à gros budget, et les cinéphiles reconnaîtront sans doute, même si certains éléments ont été modifiés, le tournage dantesque d’Apocalypse Now aux Philippines. Ce que viennent d’ailleurs confirmer les nombreuses lectures de Viet Thanh Nguyen qu’il mentionne dans une impressionnante bibliographie prouvant à quel point il s’est documenté pour faire tenir debout ce roman-fleuve et sans doute irréprochable d’un point de vue historique.
Très intéressant et impressionnant à bien des égards, surtout s’agissant d’un premier roman, il manque à ce Sympathisant un petit quelque chose pour en faire une lecture durablement marquante. Peut-être parce qu’on peine à s’attacher à ce personnage, finalement assez lisse malgré sa dualité.