Le narrateur a de folles envies de balades. C’est vrai qu’il est sacrément dérangé. Alors, pourquoi ne pas aller faire un tour du côté de Marseille puis vers le Lubéron, pour suivre les traces de Peter Mayle, l’auteur d’Un été en Provence ? Et puis, sur la route, qui sait, il y aura sans doute des touristes à rencontrer… ainsi que leurs délicieux petits enfants…
Voilà un bien étrange roman, écrit en 2007 par Serge Scotto et publié aux Éditions Baleine. Le ton est d’ailleurs donné dès la première réplique : Tiens, ça fait longtemps que j’ai pas violé un gosse ! C’est ce que je me suis dit l’autre matin, en me réveillant. Plus exactement, après m’être branlé. Inutile de dire que l’objectif premier de ce roman de Serge Scotto ne semble pas être la séduction de son public. L’écrivain a, par la suite, signé des romans du même genre, toujours chez Baleine, comme [polLa Grande évasion en pantoufles]. À chaque fois, le lecteur suit les pérégrinations du héros – qui n’en est d’ailleurs pas un – qui constituent un fil rouge, voire un prétexte, pour que soit décortiquée la psyché d’un individu dérangeant et impur, et en même temps presque sympathique et aussi innocent que les enfants qu’il souille. L’exercice est ambigu, certainement contestable, quasiment voué à l’échec avant même que les premiers mots du récit ne soient écrits. Après tout, comment peut-on décemment lire les aventures d’un individu que la morale réprouve, et, qui plus est, avec un ton badin ? Comme dans les autres ouvrages de Serge Scotto, il semblait impossible d’obtenir l’approbation morale de celles et ceux qui liraient un tel roman. Pourtant, l’auteur y parvient, au moins en partie. S’il est insensé d’éprouver une empathie complète pour ce protagoniste, il faut toutefois remettre les choses à plat : le but ne semble pas être d’émouvoir ni de mettre en exergue l’enfance du personnage pour comprendre le développement psychique de l’adulte qu’il est à présent. C’est avant tout une flânerie, décomplexée, au cours de laquelle Serge Scotto scrute les êtres humains que son personnage croise. Il y a de l’humour dans ces rencontres, de la causticité, de l’audace. Tels des insectes dans l’optique d’un entomologiste, ils apparaissent avec netteté, leurs travers décuplés pour être mieux raillés, et de nombreuses réflexions jaillissent de ces expériences. C’est parfois très cocasse, et même si l’on a parfois honte de sourire, voire rire, de cette excursion puisqu’elle se fait aux côtés d’un individu amoral, il faut bien reconnaître que l’auteur sait ménager le comique et le provocant, comme dans ces recettes où coexistent le sucré et le salé.
Massacre à l’espadrille est donc un ouvrage hors-normes, succinct – environ cent trente pages – et qui parle plus à l’intellect qu’aux tripes. Pour entreprendre cette promenade, aux lisières du bien et du mal, il faut accepter de laisser de côté une certaine perception de l’humanité, et s’offrir tout entier à cette initiation insolite. À cet égard, on pourra réfléchir au titre de cet opus qui est en soi un message clair, mettant bien en relief son apparente absurdité.
Le narrateur a de folles envies de balades. C’est vrai qu’il est sacrément dérangé. Alors, pourquoi ne pas aller faire un tour du côté de Marseille puis vers le Lubéron, pour suivre les traces de Peter Mayle, l’auteur d’Un été en Provence ? Et puis, sur la route, qui sait, il y aura sans doute des touristes à rencontrer… ainsi que leurs délicieux petits enfants…
Voilà un bien étrange roman, écrit en 2007 par Serge Scotto et publié aux Éditions Baleine. Le ton est d’ailleurs donné dès la première réplique : Tiens, ça fait longtemps que j’ai pas violé un gosse ! C’est ce que je me suis dit l’autre matin, en me réveillant. Plus exactement, après m’être branlé. Inutile de dire que l’objectif premier de ce roman de Serge Scotto ne semble pas être la séduction de son public. L’écrivain a, par la suite, signé des romans du même genre, toujours chez Baleine, comme [polLa Grande évasion en pantoufles]. À chaque fois, le lecteur suit les pérégrinations du héros – qui n’en est d’ailleurs pas un – qui constituent un fil rouge, voire un prétexte, pour que soit décortiquée la psyché d’un individu dérangeant et impur, et en même temps presque sympathique et aussi innocent que les enfants qu’il souille. L’exercice est ambigu, certainement contestable, quasiment voué à l’échec avant même que les premiers mots du récit ne soient écrits. Après tout, comment peut-on décemment lire les aventures d’un individu que la morale réprouve, et, qui plus est, avec un ton badin ? Comme dans les autres ouvrages de Serge Scotto, il semblait impossible d’obtenir l’approbation morale de celles et ceux qui liraient un tel roman. Pourtant, l’auteur y parvient, au moins en partie. S’il est insensé d’éprouver une empathie complète pour ce protagoniste, il faut toutefois remettre les choses à plat : le but ne semble pas être d’émouvoir ni de mettre en exergue l’enfance du personnage pour comprendre le développement psychique de l’adulte qu’il est à présent. C’est avant tout une flânerie, décomplexée, au cours de laquelle Serge Scotto scrute les êtres humains que son personnage croise. Il y a de l’humour dans ces rencontres, de la causticité, de l’audace. Tels des insectes dans l’optique d’un entomologiste, ils apparaissent avec netteté, leurs travers décuplés pour être mieux raillés, et de nombreuses réflexions jaillissent de ces expériences. C’est parfois très cocasse, et même si l’on a parfois honte de sourire, voire rire, de cette excursion puisqu’elle se fait aux côtés d’un individu amoral, il faut bien reconnaître que l’auteur sait ménager le comique et le provocant, comme dans ces recettes où coexistent le sucré et le salé.
Massacre à l’espadrille est donc un ouvrage hors-normes, succinct – environ cent trente pages – et qui parle plus à l’intellect qu’aux tripes. Pour entreprendre cette promenade, aux lisières du bien et du mal, il faut accepter de laisser de côté une certaine perception de l’humanité, et s’offrir tout entier à cette initiation insolite. À cet égard, on pourra réfléchir au titre de cet opus qui est en soi un message clair, mettant bien en relief son apparente absurdité.