Enterrées vivantes

(Der sarg)

  1. Cauchemars éveillés

    Eva devient folle. Elle se voit à de multiples reprises enfermée dans un cercueil. Mais au réveil, elle devine sans mal des ecchymoses sur son corps, comme si elle avait véritablement tenté de s’échapper de cette prison miniature. Et lorsqu’un tueur commence à sévir, narguant la police, et que sa première victime n’est autre que la demi-sœur d’Eva, le piège semble se refermer sur la jeune femme.

    Arno Strobel signe ici un roman qui happe immédiatement le lecteur. Tout est – habilement – fait pour désarçonner le lecteur. Une femme qui chavire dans l’aliénation, de nombreux personnages qui semblent cacher des secrets (le compagnon de la victime, le psychiatre qui traite Eva, l’homme qui gère la compagnie dont a hérité Eva, etc.), et de multiples fausses pistes jusqu’au dénouement. L’auteur emploie une langue singulièrement simple qui sert le récit et en rend la lecture véloce, mais sa chétivité finit parfois par rendre le texte bien maigre. On aurait probablement préféré davantage de densité, de dimension et de style, et ce choix de l’efficacité finit par conférer au roman des allures de squelette uniquement articulé autour de l’intrigue, sans l’épaisseur de bons mots, de belles formules ou de considérations psychologiques. Parallèlement, l’histoire est très bien troussée, débouchant sur une solution brillante, certes peu novatrice, mais qui correspond parfaitement aux attentes du lectorat : il y sera question de famille, de passé refoulé et d’une manipulation à la fois crédible et effrayante.

    Un roman à suspense très percutant, dont on appréciera avec gourmandise la construction et le dénouement, mais moins le dénuement de la langue utilisée.

    /5