Parodie à la mort

  1. Une prison de chair

    Charles Daivremont ne se sent pas bien, mais alors pas du tout. Marié à Irma, il ressent depuis quelque temps des difficultés à se mouvoir. Chaque mouvement devient alors un effort herculéen. Serait-ce son épouse qui serait en train de l’empoisonner, avec la complicité du docteur Chervoux, afin de mettre la main sur sa fortune ? Et si la paralysie se poursuit, ne finira-t-il pas prisonnier de son propre corps, soumis à la férocité de ses bourreaux ?

    Ce très court roman, proche de la novella, est une petite pépite. Peter Randa a imaginé une intrigue efficace, machiavélique, et d’un réalisme saisissant. Plantant rapidement le décor, l’auteur fait monter le suspense et la paranoïa avec des mots simples, habilement choisis et prenants, jusqu’à ce que le piège se referme à la fin du quatrième chapitre. Le traquenard est en presque ahurissant de simplicité, fauchant littéralement le lecteur. Par la suite, on est pris d’une immense empathie pour Charles, incapable de se déplacer, pour ainsi dire mort, mais voyant et entendant tout, gardant ses facultés intellectuelles intactes, désormais la proie immobile de ses tortionnaires qui pourraient bien l’enterrer vivant. Peter Randa à qui l’on doit plus de trois cents ouvrages, maîtrise avec brio la mécanique de la tension, multiplie les rebondissements, et l’on ne peut être que médusé devant tant de maîtrise et de talent dans ce condensé d’intelligence.

    Même si la fin est un peu attendue, voilà un ouvrage remarquable de modestie et d’efficience, puisqu’une centaine de pages seulement suffisent à embarquer le lecteur dans une excitation grandissante, là où nombre d’autres auteurs se seraient évertués à étirer inutilement le scénario. Et l’on ne peut que remercier les éditions French Pulp de ressortir ce texte datant de 1960 : comme quoi l’exhumation et la ressuscitation sont parfois salutaires.

    /5