Une Femme de ménage

  1. Décape & de crocs

    Si vous demandez à Sandra quel est son métier, elle vous répondra « femme de ménage ». Sauf qu’elle s’est spécialisée dans une branche très particulière de l’hygiène : les scènes de crime. Un cadavre à faire disparaître ? Une pièce à nettoyer de son sang ? Pas de problème : contre plusieurs milliers d’euros, elle peut s’en charger. Mais dernièrement, plus rien ne va : un mafieux qui apparaît, un tueur en série adepte du vampirisme et de l’art, un amant dont l’épouse devient hargneuse…

    Jérémy Bouquin livre ici un roman à suspense qui démarre sur les chapeaux de roues. On est immédiatement séduit par l’écriture et le style : plume sèche, phrases hachées, et les pages défilent à toute allure. Sandra, en agent d’entretien post-carnage, s’illustre également. Jeune et plutôt jolie, elle tente de vivre son idylle avec Roman, boulanger, tandis qu’elle continue de dessiner, dans la ferme qu’elle occupe, des croquis représentant des monstres impossibles qu’elle destine à la littérature jeunesse mais dont aucun éditeur ne veut. Elle travaille comme un forçat, engrange de l’argent, et son binôme avec Greg, un avocat qui lui dégote des contrats juteux – et sanglants – continue de prospérer. Mais les nuages s’amoncellent, avec ce serial killer adepte du bondage, des mises en scène baroques et des prélèvements sanguins à forte dose, sans même parler de ces inconnus qui se mettent à la suivre ou de ces roses qu’elle découvre chez elle. Les quelque deux-cents pages sont tout bonnement avalées et, même si le dernier tiers a un peu tendance à s’effilocher entre les diverses histoires, il faut garder à l’esprit que Jérémy Bouquin dresse avant tout le portrait d’une femme nettoyeuse et côtoyant la pègre et les prédateurs de la pire espèce avant de… non, nous vous laissons le découvrir.

    Un très bon ouvrage, concis et percutant, qui inaugure la série Les Errants de la plus belle des manières : avec talent et efficacité.

    /5