Gil Martins, agent du FBI, a la foi qui flanche. Il ne croit plus en Dieu, ni même en l’existence d’un Dieu. La férocité du métier qu’il pratique, les horreurs qu’il a vues ou vécues, ont aiguisé ce scepticisme à l’égard de la religion. C’est alors que diverses personnalités décèdent dans des conditions étranges : un suicide du haut d’une tour, ou depuis la cime d’un arbre, sous le coup de la terreur, etc. Leur point commun : une distance irrévérencieuse avec le culte. Gil n’en est pas certain, mais ses pas l’entraînent vers l’Eglise Izrael, dominée par le pasteur Nelson Van Der Velden, où les prières pourraient être employées comme des armes.
De Philip Kerr, on connaît surtout sa remarquée trilogie berlinoise, ou encore sa série consacrée à Bernie Gunther. Ici, il livre un roman à suspense audacieux, basé sur une idée finalement très simple, ce qui est souvent la marque des œuvres remarquables : au lieu d’amour, Dieu ne serait-il pas un pourvoyeur de mort ? C’est sur ce postulat osé, voire iconoclaste, que l’auteur déroule une histoire sombre, d’où émerge le personnage de Gil Martins. Un excellent agent, molesté par les événements, et dont les origines de son apostat remontent à son enfance, voire à certains atavismes familiaux. Bien loin des clichés inhérents au genre ou à ce type de protagoniste blasé, Philip Kerr nous le décrit avec beaucoup de tact, de justesse et d’humanité. Son épouse, fervente ouaille, décide même de le quitter puisque leur couple ne peut même plus se reposer sur cette ferveur commune, tandis qu’il devient, aux yeux de ses collègues, la proie de troubles obsessionnels compulsifs. Lentement, le récit bascule du côté glauque, quand Gil croit comprendre l’origine de ces morts et surtout quand le pasteur met ses menaces à exécution. Des scènes insolites, exceptionnelles, propres à faire se dresser les poils d’un kiwi. De la pure tension, habitée par le doute, la présence d’une entité morbide et anxiogène, où le lecteur réagit comme le gamin traumatisé par l’hypothétique existence d’un monstre sous le lit quand s’éteint la lumière. Des moments de frayeur, contrebalancés tout au long de l’ouvrage par un humour salvateur, où le héros fait preuve d’un bel esprit, notamment au gré de réparties jouissives. Cependant, certains lecteurs pourront être rebutés par une fin – concernant le revirement « professionnel » de Gil, peut-être trop hollywoodien ou partisan, là où un épilogue autre qu’heureux aurait peut-être encore renforcé l’impact du livre. Mais il n’en demeure pas moins que ce Pénitence est un bijou, dont la valeur s’établit à l’aune de sa pureté, de sa rareté et de la qualité indéniable de la taille qui en a été faite.
Gil Martins, agent du FBI, a la foi qui flanche. Il ne croit plus en Dieu, ni même en l’existence d’un Dieu. La férocité du métier qu’il pratique, les horreurs qu’il a vues ou vécues, ont aiguisé ce scepticisme à l’égard de la religion. C’est alors que diverses personnalités décèdent dans des conditions étranges : un suicide du haut d’une tour, ou depuis la cime d’un arbre, sous le coup de la terreur, etc. Leur point commun : une distance irrévérencieuse avec le culte. Gil n’en est pas certain, mais ses pas l’entraînent vers l’Eglise Izrael, dominée par le pasteur Nelson Van Der Velden, où les prières pourraient être employées comme des armes.
De Philip Kerr, on connaît surtout sa remarquée trilogie berlinoise, ou encore sa série consacrée à Bernie Gunther. Ici, il livre un roman à suspense audacieux, basé sur une idée finalement très simple, ce qui est souvent la marque des œuvres remarquables : au lieu d’amour, Dieu ne serait-il pas un pourvoyeur de mort ? C’est sur ce postulat osé, voire iconoclaste, que l’auteur déroule une histoire sombre, d’où émerge le personnage de Gil Martins. Un excellent agent, molesté par les événements, et dont les origines de son apostat remontent à son enfance, voire à certains atavismes familiaux. Bien loin des clichés inhérents au genre ou à ce type de protagoniste blasé, Philip Kerr nous le décrit avec beaucoup de tact, de justesse et d’humanité. Son épouse, fervente ouaille, décide même de le quitter puisque leur couple ne peut même plus se reposer sur cette ferveur commune, tandis qu’il devient, aux yeux de ses collègues, la proie de troubles obsessionnels compulsifs. Lentement, le récit bascule du côté glauque, quand Gil croit comprendre l’origine de ces morts et surtout quand le pasteur met ses menaces à exécution. Des scènes insolites, exceptionnelles, propres à faire se dresser les poils d’un kiwi. De la pure tension, habitée par le doute, la présence d’une entité morbide et anxiogène, où le lecteur réagit comme le gamin traumatisé par l’hypothétique existence d’un monstre sous le lit quand s’éteint la lumière. Des moments de frayeur, contrebalancés tout au long de l’ouvrage par un humour salvateur, où le héros fait preuve d’un bel esprit, notamment au gré de réparties jouissives. Cependant, certains lecteurs pourront être rebutés par une fin – concernant le revirement « professionnel » de Gil, peut-être trop hollywoodien ou partisan, là où un épilogue autre qu’heureux aurait peut-être encore renforcé l’impact du livre. Mais il n’en demeure pas moins que ce Pénitence est un bijou, dont la valeur s’établit à l’aune de sa pureté, de sa rareté et de la qualité indéniable de la taille qui en a été faite.